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Une session décisive

Brazzaville a livré le 27 août les résultats des examens techniques 2025, dévoilant un taux historique de 100 % au Brevet de technicien forestier. L’annonce, supervisée par le président général des jurys, Rufin Mviri, a immédiatement suscité enthousiasme et fierté dans les lycées professionnels.

Cette progression s’inscrit dans une dynamique globale, le Bet atteignant 77,59 % et le Bep 74,29 %. Au-delà de la statistique, le message délivré aux familles congolaises est limpide : les filières techniques offrent aujourd’hui des chances réelles de réussite, surtout pour les jeunes filles.

Des chiffres qui parlent

Sur 6 841 candidats présentés au Bet, 5 308 ont été admis. Au Bep, 315 reçus pour 424 présentations. Ces données confirment une amélioration constante depuis trois ans, impulsée par la révision des curricula et la dotation en équipements adaptée aux besoins du marché intérieur.

Le Btf retient cependant l’attention : 59 admis sur 59. Cette filière, longtemps perçue comme masculine, voit désormais un tiers de candidates. « Nous sommes six filles de la promotion », confie Dina B., nouvelle diplômée, « et nous avons prouvé notre compétitivité dans chaque module ».

Focus sur le Brevet de technicien forestier

Le secteur forestier représente 6 % du PIB national et demeure un vivier d’emplois verts. L’atteinte du plein succès au Btf traduit le renforcement de la filière dans les Lycées d’enseignement technique agricole de Dolisie, Mossaka et Ouesso, soutenus par des partenaires publics-privés.

Pour Carine Mvoula, ingénieure forestière, « l’accès des jeunes femmes à ces formations est décisif : il ouvre des perspectives de leadership dans la gestion durable des ressources ». Elle souligne le rôle des stages en entreprise qui favorisent la confrontation, précoce, aux réalités professionnelles.

Les enjeux pour les jeunes Congolaises

Selon l’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes, la scolarisation post-collège demeure un moment charnière où les stéréotypes orientent les choix. L’ascension des résultats 2025 constitue donc un signal d’empowerment, en prouvant que les filles excellent dans le bois, la mécanique ou l’électronique.

Le ministère de l’Enseignement technique rapporte que la proportion féminine atteint désormais 28 % dans ces cursus, contre 19 % en 2022. La performance académique agit comme un accélérateur d’ambitions et réduit, indirectement, l’exposition des adolescentes aux mariages précoces ou à l’économie informelle.

Voix d’expertes et témoignages

Pour la sociologue Évelyne Ossété, cette session confirme « la corrélation positive entre qualité des infrastructures et confiance des familles ». Elle rappelle que l’équipement en ateliers mixtes et la formation continue des enseignantes contribuent à installer des modèles féminins inspirants, essentiels au changement culturel.

À l’issue des proclamations, Mireille, major de sa spécialité plomberie, a déclaré ressentir « une obligation de porter haut l’image de la femme professionnelle ». Son père, présent, souligne que la réussite « prouve que la ténacité féminine n’a rien à envier aux garçons ».

Rôle des établissements et du corps enseignant

La progression s’appuie sur une politique d’évaluation interne rigoureuse. Chaque lycée a instauré des comités qualité, incluant parents et représentants d’élèves, pour suivre l’assiduité, le taux de maîtrise des compétences et le bien-être. Ces indicateurs nourrissent des plans correctifs semestriels désormais institutionnalisés.

Les enseignants bénéficient d’ateliers pédagogiques trimestriels animés par l’Institut national de recherche et d’action pédagogique. L’introduction de démarches par projets, couplée à l’usage des plateformes numériques, a modernisé l’approche et stimulé la participation active, particulièrement chez les apprenantes habituellement réservées.

Politiques publiques et dynamique institutionnelle

Depuis 2021, la Stratégie nationale de l’enseignement et de la formation techniques vise à porter le taux d’insertion des diplômés à 80 %. Les chiffres 2025 valident le chemin parcouru. Le ministère annonce l’ouverture prochaine d’un campus pilote dédié aux technologies vertes à Oyo.

L’appui financier de la Banque de développement des États d’Afrique centrale a permis d’équiper 18 ateliers, tandis que l’UNESCO a fourni des kits pédagogiques sensibles au genre. Ces partenariats renforcent la gouvernance du système et veillent au respect des normes de sécurité en classe.

Cap vers l’employabilité équitable

Les entreprises locales saluent la performance des nouveaux diplômés. La société de transformation Bois-Congo confirme l’embauche de dix titulaires, dont quatre femmes. « Une main-d’œuvre diversifiée améliore l’innovation », affirme son directeur RH, rappelant que la mixité réduit le turnover et accroît la productivité.

Selon l’Agence congolaise pour l’emploi, 62 % des recruteurs interrogés prévoient d’augmenter leurs effectifs techniques d’ici deux ans. L’intégration massive des diplômées devrait limiter l’exode rural féminin et contribuer à l’autonomie économique, pierre angulaire de la lutte contre la violence basée sur le genre.

Perspectives pour 2026

Le défi à venir consiste à maintenir l’excellence tout en élargissant l’accès. Le ministère envisage des bourses ciblées pour les jeunes filles et l’introduction d’un module de prévention des violences scolaires. Si ces mesures se concrétisent, les brevets techniques deviendront un puissant levier d’égalité.

Parallèlement, des organisations de la société civile, dont notre Observatoire, préparent un programme de mentorat inter-générationnel. L’objectif est de relier les anciennes diplômées ayant intégré le secteur formel aux collégiennes hésitantes. Cet accompagnement devrait consolider la confiance et pérenniser les performances déjà observées cette année.