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Une primaire attendue pour clarifier les enjeux

Dans le bouillonnant paysage politique congolais, l’annonce de la primaire du Parti pour l’action de la République (P.a.r) suscite un intérêt croissant. Pour la première fois, cette formation d’opposition organise un vote interne transparent afin de déterminer son porte-étendard pour la présidentielle de mars 2026.

Au-delà du simple exercice partisan, l’initiative reflète l’évolution d’une culture démocratique participative, encouragée par nombre d’analystes et saluée par certains électeurs désireux de voir les programmes primer sur les accointances personnelles.

Parallèlement, la direction rappelle que la primaire traduit l’engagement pris lors du congrès extraordinaire de juin 2025 pour renforcer la gouvernance interne et moderniser la communication politique.

Dans un contexte marqué par la croissance économique post-pandémie et les efforts du gouvernement pour stabiliser le cadre macroéconomique, la compétition interne du P.a.r se déroule dans un climat de relative confiance des investisseurs, mais aussi d’expectatives sociales élevées.

Un calendrier officiel et des règles précises

Fixé lors du congrès extraordinaire de juin 2025, le scrutin primaire aura lieu le 25 novembre 2025, quelques mois avant l’ouverture légale de la campagne présidentielle.

La secrétaire générale, Jessica Prismelle Ognangué, a rappelé que les dossiers de candidature doivent parvenir au siège national, boulevard Denis Sassou-Nguesso, au plus tard le 5 novembre 2025, avec les pièces justifiant l’engagement militant, la moralité fiscale et un programme succinct.

Le comité électoral interne, composé de juristes, de sociologues et d’observateurs indépendants, publiera la liste définitive des prétendants le 10 novembre, puis organisera une série de débats régionaux retransmis sur les réseaux communautaires du parti.

Des femmes plus visibles dans la course

Fait notable, un tiers des pré-candidats pressentis seraient des femmes, selon les chiffres provisoires communiqués par le secrétariat général.

Pour la sociologue Clarisse Mavoungou, cette évolution traduit « une rupture symbolique avec la représentation politique traditionnelle où les femmes demeuraient cantonnées aux postes d’animation sociale ».

Jessica Prismelle Ognangué insiste sur le rôle des sections féminines, qui ont multiplié, depuis deux ans, ateliers de leadership et formations à la prise de parole publique.

Enjeux programmatiques et attentes citoyennes

Le P.a.r, né en 2014, s’est bâti sur un corpus républicain axé sur la décentralisation, l’entrepreneuriat local et la cohésion sociale.

Selon une note interne consultée, les candidats devront articuler leurs propositions autour de six thèmes : gouvernance, industrialisation verte, santé communautaire, protection des droits des femmes, inclusion numérique et renforcement du dialogue intergénérationnel.

Les cahiers de doléances collectés dans les départements montrent que l’accès à l’eau potable et à la formation professionnelle féminine revient de manière récurrente, signe d’une convergence entre attentes locales et priorités affichées.

Un processus salué par des observateurs

Pour l’analyste politique Rodrigue Makosso, cette compétition interne « donne un exemple de régulation consensuelle des ambitions et pourrait renforcer la confiance dans les structures partisanes ».

Des organisations de la société civile, comme la Plateforme pour le Suivi Électoral, envisagent de déployer des observateurs le jour du vote afin de garantir la transparence et de documenter les bonnes pratiques.

Le ministère de l’Intérieur, de son côté, a rappelé que « toute initiative partisane conforme aux lois électorales contribue au rayonnement de la démocratie congolaise ».

La diaspora, acteur décisif

Par visioconférence, les cellules du P.a.r en Europe et en Amérique du Nord ont annoncé des primaires symboliques destinées à orienter le vote des adhérents résidant hors du pays, soulignant ainsi la dimension transnationale de l’engagement politique congolais.

Le politologue Jean-Robert Koumissa rappelle que la diaspora envoie chaque année des remises estimées à près de 5 % du PIB national ; son implication dans la désignation d’un candidat crédible représente donc un enjeu de mobilisation financière et d’influence médiatique.

Défis logistiques et sécuritaires

Dans les zones rurales enclavées, l’acheminement du matériel électoral relève d’un véritable défi logistique. Le parti prévoit de recourir aux radios communautaires et aux motos-taxi pour transmettre les listes d’émargement, évitant ainsi les retards qui avaient entaché certains scrutins internes antérieurs.

Le commandement territorial sera sollicité pour sécuriser les bureaux de vote, tandis que des formations à la médiation seront dispensées aux superviseurs afin de prévenir tout incident. Cette collaboration reflète une volonté d’apaisement, sans remettre en cause l’autorité des services de l’État.

Regard des électrices sur la primaire

Dans le quartier Talangaï, plusieurs commerçantes interrogées soulignent que la clarté du processus leur donne « l’impression d’être enfin considérées ». Elles attendent néanmoins des engagements précis sur la fiscalité des petites entreprises et la sécurité des marchés de périphérie.

A Mpaka, des étudiantes évoquent la nécessité d’un fonds d’appui aux projets portés par des femmes. Elles estiment que la primaire peut devenir un révélateur, à condition que les débats abordent la réforme universitaire et l’accès au numérique.

Ce qu’il faut retenir avant le 25 novembre

À moins d’un mois de la date décisive, les états-majors locaux affûtent leurs argumentaires, mobilisent leurs relais et finalisent les collectes de parrainages nécessaires.

La compétition interne, strictement encadrée, représente un laboratoire grandeur nature pour la promotion d’une participation accrue des femmes et des jeunes dans la gouvernance.

Quel que soit le vainqueur, les observateurs estiment que la légitimité conférée par un scrutin primaire ouvert pèsera dans le débat présidentiel de 2026, en encourageant les autres formations à davantage de transparence et d’inclusivité.