Une mobilisation multisectorielle saluée par Brazzaville
Brazzaville a reçu, le 11 août, un convoi d’équipements d’hygiène et de supports pédagogiques destiné à soutenir la riposte nationale au choléra. Le ministère de la Santé a accueilli ce don, fruit d’une coopération entre l’OMS, l’UNICEF, le PNUD, l’UNFPA et d’autres partenaires internationaux.
Le représentant du Système des Nations Unies, Abdourahamane Diallo, a insisté sur la nécessité d’« agir dans les meilleurs délais », rappelant que la transparence et la coordination sont les gages d’une réponse efficace. Les autorités ont souligné l’esprit de solidarité qui anime cette démarche collective.
En remerciant les bailleurs, le ministre Jean-Rosaire Ibara a assuré que pulvérisateurs, bottes, bidons chlorés et kakémonos seront répartis dès cette semaine dans les districts touchés, notamment Mbamou, Mossaka et certains quartiers périphériques de Brazzaville.
Cette livraison traduit, selon plusieurs observateurs, la bonne articulation entre acteurs publics et organisations internationales, un élément décisif pour éviter la flambée épidémique souvent observée pendant la saison des pluies.
Le choléra, un défi qui pèse d’abord sur les femmes
Dans de nombreux foyers congolais, les femmes assurent l’approvisionnement en eau, l’assainissement du cadre de vie et les soins de première intention. Lorsque le choléra survient, elles se trouvent en première ligne, cumulant charge domestique et exposition accrue aux agents pathogènes.
Les enquêtes de terrain menées par l’Observatoire montrent que 68 % des femmes interrogées déclarent s’occuper seules de l’eau potable. Cette responsabilité les met en contact direct avec des sources parfois contaminées, accentuant la vulnérabilité sanitaire féminine.
Pour la sociologue Clarisse Ngambet, « lutter contre le choléra, c’est aussi alléger la charge invisible que portent les femmes en matière de santé communautaire ». D’où l’importance, selon elle, de coupler distribution de matériel et actions de sensibilisation ciblant les couples et les leaders de quartier.
Des équipements adaptés aux réalités locales
Les pulvérisateurs à dosage réglable reçus permettent une désinfection rapide des puits et latrines collectives. Les jarres de 20 litres, robustes et maniables, répondent aux besoins des ménages dirigés par des femmes, souvent dépourvues de moyens de transport motorisé.
Les brochures en lingala et en kituba vulgarisent les gestes barrières : lavage des mains, traitement chimique de l’eau, cuisson prolongée des aliments. Le ministère mise sur la diffusion orale via les marchés et les églises, lieux où les femmes sont fortement représentées.
Madame Adama-Dian Barry, représentante résidente du PNUD, précise que « chaque élément du kit a été choisi après des discussions avec les comités de santé villageois », soulignant l’approche participative de cette opération.
Valoriser les relais communautaires féminins
Les relais communautaires, majoritairement des mères de famille formées par l’UNICEF, jouent un rôle clé dans l’alerte précoce. Munies de simples téléphones portables, elles signalent les cas suspects aux centres de santé, réduisant le délai entre apparition des symptômes et prise en charge.
À Makotimpoko, près de la frontière sud-est, la présidente du comité de femmes, Jeanne Mboulou, témoigne : « Avec le pulvérisateur, nous désinfectons les points d’eau deux fois par jour. Les maris observent nos actions et commencent à participer. »
Selon les données du ministère, les villages disposant d’un réseau actif de relais féminins enregistrent un taux de létalité de 0,5 %, contre 1,2 % ailleurs. Ce différentiel encourage l’extension du dispositif à l’ensemble des districts à risque.
Perspectives pour une résilience sanitaire durable
La saison sèche offre un répit, mais les autorités anticipent déjà la recrudescence des cas durant les crues de fin d’année. Un plan intégré d’eau, hygiène et assainissement, élaboré avec l’appui de l’UNESCO, prévoit la réhabilitation de 300 forages et la construction de latrines scolaires.
La Commission nationale genre et santé recommande d’inclure systématiquement une budgétisation sensible au genre dans les programmes d’urgence. L’objectif est d’assurer que les femmes, souvent bénévoles, bénéficient de compensations et de formations certifiantes.
Les partenaires envisagent également l’introduction de la vaccination orale contre le choléra dans les zones d’éclosion récurrente. Cette stratégie, couplée aux mesures d’hygiène, pourrait réduire de 80 % la transmission, selon l’OMS.
En consolidant ces avancées, la réponse actuelle ouvre la voie à une sécurité sanitaire inclusive, où la contribution des femmes est reconnue comme un facteur majeur de réussite, au même titre que les appuis logistiques et financiers internationaux.