Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Stabilité politique : un enjeu partagé

La salle des conférences du Palais du Peuple s’est tue lorsque Pierre Ngolo, président du Sénat, a rappelé, le 13 août, que la stabilité politique demeure « un bien commun fragile », surtout à l’approche de la présidentielle prévue en 2026.

Devant les sénateurs, il a insisté sur la nécessité d’un débat démocratique digne, rejetant toute velléité de surenchère verbale susceptible d’altérer le climat d’apaisement qui, selon lui, garantit la poursuite des réformes économiques déjà engagées.

Le facteur régional et international

Pour beaucoup d’observateurs, cet appel se double d’un message aux acteurs internationaux : le Congo-Brazzaville compte gérer ce cycle électoral dans la continuité institutionnelle, loin des bouleversements qui traversent certains pays voisins, comme les récents coups d’État au Sahel.

La configuration géopolitique régionale, marquée par des tensions sécuritaires, confirme l’importance d’une veille préventive. Le chercheur Armand Ibinga estime que « la stabilité congolaise reste un point d’ancrage pour la sous-région, à condition d’associer l’ensemble des forces sociales ».

Place des femmes dans la paix publique

Parmi ces forces, les associations de défense des droits des femmes occupent un espace décisif. Elles rappellent que la paix publique se mesure aussi à la capacité des pouvoirs publics à protéger les citoyennes contre les violences politiques, domestiques ou économiques.

À Brazzaville, la présidente de la plateforme « Femmes et Citoyenneté » note une recrudescence des discours virulents sur les réseaux sociaux. Elle avertit qu’un vocabulaire belliciste, même virtuel, peut légitimer des actes de harcèlement qui touchent d’abord les militantes.

Le Sénat, conscient de cet enjeu, a adopté durant sa sixième session des lois renforçant la cyber-sécurité. Si ces textes visent officiellement la protection des données, ils permettront aussi, espère-t-on, un meilleur repérage des cyberviolences dirigées contre les femmes.

Réformes économiques porteuses d’équité

Dans le même mouvement, la chambre haute a validé la création d’agences publiques consacrées à l’environnement et à la transformation de l’économie informelle. Ces structures pourraient ouvrir des programmes de formation ciblés pour les vendeuses des marchés et les transformatrices rurales.

Sur le registre budgétaire, les sénateurs ont recommandé l’interdiction d’exonérations fiscales jugées abusives. Pour l’économiste Mireille Ognimba, cette orientation « offrirait des marges supplémentaires à la protection sociale, dont les femmes chefs de foyer sont les premières bénéficiaires potentielles ».

Diplomatie parlementaire et bonnes pratiques

Les missions extérieures du Sénat contribuent aussi au partage de bonnes pratiques. Lors d’un récent forum à Rabat, des sénatrices congolaises ont présenté une initiative de cartographie participative des violences basées sur le genre, saluée par ONU Femmes pour son potentiel de réplication en Afrique centrale.

Clauses sociales dans le secteur pétrolier

À l’intérieur du pays, la dynamique parlementaire se nourrit du suivi des projets de terrain. Les contrats pétroliers nouvellement ratifiés incluent désormais, selon le ministère des Hydrocarbures, une clause de contenu local réservant un pourcentage précis de postes qualifiés aux femmes ingénieures.

Vigilance citoyenne et supervision électorale

La société civile, de son côté, reste vigilante. L’Observatoire congolais des violences faites aux femmes, que nous dirigeons, prépare une note d’alerte sur les risques spécifiques d’intimidation pendant l’enrôlement électoral, rappelant que 52 % du corps électoral est féminin.

Nous recommandons, en lien avec la Commission nationale électorale indépendante, la mise en place de centres d’écoute pour recueillir les plaintes en temps réel. L’objectif est de prévenir les barrages psychologiques qui détournent les électrices des urnes lorsque le climat devient anxiogène.

Médiation communautaire : exemples locaux

Sur le terrain, des relais communautaires féminins testent déjà des dispositifs de médiation. À Madingou, un réseau de cheffes de quartier signale une baisse des querelles liées à l’affichage politique grâce à des séances publiques de lecture commentée du code électoral.

Le Sénat suit ces initiatives locales via son groupe d’amitié inter-chambres. Une délégation devrait se rendre sur place en novembre pour évaluer l’impact réel sur la réduction des conflits, avant d’envisager une extension aux autres départements.

Transparence et innovations numériques

Si la stabilité apparaît comme une condition sine qua non, elle ne suffit pas, rappellent plusieurs sociologues. Ils soulignent l’enjeu d’une transparence accrue, notamment la publication rapide des résultats bureau par bureau, afin de consolider la confiance du public, surtout des jeunes électrices.

Le gouvernement a déjà mis en service un portail open data pour la gestion budgétaire. Selon le ministre délégué au numérique, une extension aux données électorales est techniquement envisageable dès 2025, ce qui pourrait servir d’outil pédagogique dans les lycées.

Vers 2026 : cap sur l’inclusion

À mesure que se profile 2026, les acteurs institutionnels et civiques convergent donc vers un même impératif : garantir aux Congolaises une campagne paisible, des bureaux de vote accessibles et un dépouillement lisible. Le Sénat en fait désormais un baromètre de la qualité démocratique.

En attendant l’ouverture officielle du calendrier électoral, l’enjeu immédiat se situe dans la diffusion d’une culture politique inclusive. Comme le résume la juriste Clarisse Kodia, « plus les femmes participent, plus les résultats sont acceptés ; la stabilité, c’est aussi leur voix ».