Confiance politique autour de Denis Sassou-Nguesso
Sous le plafond lambrissé du Palais du parlement, la clôture de la neuvième session ordinaire a pris des accents électoraux. Isidore Mvouba, président de l’Assemblée nationale, a réaffirmé sa foi en Denis Sassou-Nguesso, « homme de la situation », pour l’élection présidentielle de 2026.
Son intervention, relayée par les médias publics et privés, s’inscrit dans une stratégie de mobilisation graduelle. À dix mois du scrutin, les états-majors s’observent, mais Mvouba occupe le terrain discursif, rappelant que stabilité et continuité restent, selon lui, les atouts majeurs du Congo.
Réformes économiques et opportunités pour les femmes
Au cœur de son plaidoyer, la poursuite des réformes économiques engagées avec les partenaires sous-régionaux. Le programme triennal CEMAC, appuyé par Brazzaville, vise à assainir la dette, améliorer le climat des affaires et préserver les équilibres macro-économiques progressivement restaurés depuis 2021.
Symboles tangibles de cette dynamique, l’agri-hub de Loudima et la distillerie de N’Kayi ont ouvert leurs chaînes de production. Selon le ministère du Développement industriel, plus de 40 % des employé·es initialement recruté·es sont des femmes issues des localités voisines, formées aux technologies agroalimentaires.
Le Fonds d’impulsion, de garantie et d’accompagnement (Figa) apparaît, lui aussi, comme un catalyseur d’opportunités. Depuis janvier, plus de 1200 micro-projets portés par de jeunes entrepreneuses ont obtenu des allocations tournées vers l’agriculture urbaine, la transformation du manioc et les services numériques décentralisés.
Chocs extérieurs et réponses humanitaires inclusives
Pourtant, les vents extérieurs demeurent contraires. Du conflit russo-ukrainien aux tensions au Proche-Orient, la volatilité des cours du fret et des céréales accroît la pression sur les budgets domestiques. Le gouvernement, rappelle Mvouba, doit « marquer la ceinture » afin de protéger les ménages les plus vulnérables.
La capitale n’a pas oublié la pluie diluvienne des 13-14 juin 2025. Inondations fulgurantes, habitations effondrées : le traumatisme reste vif. L’évacuation rapide des sinistrés, saluée par plusieurs ONG, illustre, selon l’Observatoire congolais des violences faites aux femmes, « l’importance d’une gouvernance sensible au genre lors des crises ».
La Première dame, Antoinette Sassou-Nguesso, s’est rendue sur place avec des colis de première nécessité. Ce geste humanitaire, largement couvert par la presse, renforce l’image d’un pouvoir attentif aux populations déplacées, particulièrement aux mères chef·fes de ménage souvent surreprésentées dans les sites temporaires.
Inclusion institutionnelle et leadership féminin
Plus largement, l’Assemblée nationale se positionne comme vigie. Réformes, résilience écologique, inclusion : Mvouba insiste sur une « lecture genrée » de chaque politique publique. Son appel rejoint les orientations du Plan national de développement qui, depuis 2022, fixe un taux minimal de 30 % d’accès féminin aux postes décisionnels.
Les récentes nominations au ministère des Finances, où deux directions générales ont été confiées à des économistes chevronnées, signalent une inflexion concrète. « Les femmes ne sauraient rester cantonnées aux affaires sociales », observe la sociologue Clarisse Gondhet, qui plaide pour une redistribution plus équitable des responsabilités budgétaires.
Sur le terrain sanitaire, l’ouverture prochaine des hôpitaux généraux de Ouesso et Sibiti suscite un intérêt particulier. L’unité obstétrique-néonatalogie de Sibiti, testée depuis juillet, promet de réduire de 15 % la mortalité maternelle dans le département de la Lékoumou, selon les projections du ministère de la Santé.
Veille contre les violences de genre persistantes
Ces avancées, bien que saluées, ne doivent pas occulter la persistance des violences basées sur le genre. Le dernier rapport de l’Observatoire recense 4872 cas en 2024, soit une légère baisse. La coordination, insistent les associations, doit s’intensifier autour des brigades mixtes police-travail social et des tribunaux spécialisés.
Vers mars 2026 : enjeux électoraux et parité
À l’approche de mars 2026, la société civile exhorte les partis à intégrer la prévention des violences électorales dans leurs plateformes. L’histoire récente du continent rappelle que des pics d’agressions ciblent souvent les femmes candidates, militantes ou simples électrices, particulièrement dans les zones périurbaines.
Isidore Mvouba, conscient de cet enjeu, appelle à une « élection libre et apaisée ». Pour la politologue Mireille Mokoko, cette expression devra se traduire par des mesures opérationnelles : sécurisation des centres de vote, quotas d’assesseures formées et mécanismes de remontée rapide des incidents.
Du côté gouvernemental, le ministère de l’Intérieur annonce la mise à jour du fichier électoral avec un dispositif d’enrôlement mobile ciblant en priorité les quartiers périphériques où la proportion d’électrices non inscrites dépasse encore 22 %. Une caravane d’information devrait sillonner les districts dès octobre.
Les expertes de l’Observatoire rappellent que l’accès des femmes au financement électoral reste crucial. À ce jour, moins de 5 % des fonds déclarés par les partis servent des candidatures féminines, un déséquilibre que la future loi sur la parité veut réduire.
En appui, la plateforme « Femmes et Urnes » lancera un observatoire citoyen composé de juristes et sociologues. Son rapport, attendu en avril 2026, évaluera participation, sécurisation et représentativité féminines afin d’orienter les prochaines politiques publiques.
Si la confiance affichée par Mvouba galvanise ses soutiens, elle place aussi la barre haut : offrir aux Congolaises un espace citoyen sécurisé et prospère. Entre réformes économiques, réponses humanitaires et inclusion politique, le compte à rebours vers 2026 s’égrène, révélant les défis et les promesses du pays.