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Assainissement Himo et objectifs du Proclimat

Depuis le 8 août, les districts d’Odziba et de Ngabé, ainsi que les villages Mpoumako, Inoni falaise et Inoni plateau, vivent au rythme des travaux d’assainissement en Haute intensité de main-d’œuvre. Cette phase pilote du projet Proclimat mobilise déjà plus d’un millier d’ouvriers locaux.

Financé par la Banque mondiale et le Partenariat mondial pour les paysages durables, Proclimat conjugue adaptation climatique et inclusion économique. La composante Himo vise à restaurer des pistes rurales, curer les caniveaux et réhabiliter les points d’eau, tout en injectant un revenu immédiat dans les ménages vulnérables.

Un chantier Himo révélateur de dynamiques sociales

En choisissant la main-d’œuvre locale, le dispositif évite l’importation de compétences externes et renforce la cohésion communautaire. Les responsables coutumiers, invités à superviser l’organisation des équipes, observent une hausse du sentiment d’appartenance, condition essentielle pour préserver les ouvrages bien après la fin du projet.

« Nous nous sentons acteurs, pas spectateurs », confie Louisa, cheffe de bloc à Mpoumako. Son témoignage illustre la logique de l’emploi temporaire comme tremplin vers une prise de responsabilité durable, nourrie par des formations courtes en hygiène, en salubrité et en comptabilité communautaire dispensées parallèlement.

La participation féminine, levier d’autonomisation

Sur le millier d’ouvriers enregistrés, 53 % sont des femmes, selon les fiches de paie collectées par l’ONG Niosi. Elles occupent des postes variés, du désherbage des accotements au contrôle qualité des fossés, montrant que la division sexuée du travail peut être revue dès que les conditions le permettent.

Pour beaucoup, c’est une première expérience salariale. Les versements hebdomadaires, effectués par paiement mobile, facilitent l’épargne et réduisent la dépendance économique vis-à-vis du conjoint. Les économistes locaux notent déjà une hausse des petites transactions sur les marchés de Ngabé, portée par la consommation féminine.

Cette autonomie naissante ouvre un champ de possibles en matière de protection contre les violences économiques. « Le revenu me permet de refuser certaines pressions », explique Rosine, 28 ans. Le mécanisme rejoint les recommandations de la Plateforme nationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

Impacts sanitaires et résilience climatique

La remise en état des caniveaux limite les eaux stagnantes, vectrices de paludisme. Les premières données du centre de santé d’Odziba montrent une baisse de 12 % des consultations liées aux moustiques depuis le lancement des travaux, un indicateur encourageant pour l’objectif national de réduction de la morbidité.

Sur le plan climatique, l’entretien des pistes agricoles réduit les émissions liées aux détours routiers et facilite l’accès des denrées périssables aux marchés. Moins de produits gaspillés, c’est aussi un panier mieux garni pour les ménages, notamment monoparentaux, très dépendants des fluctuations de prix.

Collaborations institutionnelles et rôle des ONG

Le préfet du Djoué-Léfini, Léonidas Carel Mottom Mamoni, a souligné l’importance d’un partenariat étroit entre collectivités, État et bailleurs. Sa présence sur le terrain rassure les équipes et conforte l’idée que les politiques publiques d’adaptation passent par une coordination locale soutenue et transparente.

L’ONG Niosi, forte de son expérience en citoyenneté active, pilote les sessions de sensibilisation aux bonnes pratiques environnementales. Les animateurs utilisent un langage simple, des dessins et des saynètes pour toucher y compris les non-alphabètes, élargissant ainsi la portée pédagogique de l’intervention.

Perspectives socio-économiques pour les communautés

Une analyse rapide menée par le ministère de l’Économie planifie l’intégration de micro-entreprises locales pour la maintenance post-chantier. Les femmes qui auront obtenu la certification d’ouvrière polyvalente sont pressenties pour diriger ces structures, un pas supplémentaire vers une formalisation du secteur informel rural.

Les banques de proximité, contactées par le projet, envisagent des produits d’épargne adaptés, avec un seuil d’ouverture abaissé. Cette innovation devrait sécuriser l’effort financier des ménages et favoriser l’accès futur à un crédit agricole, élément décisif pour la diversification des revenus féminins.

Maintenir l’élan : recommandations de terrain

Les sociologues de l’université Marien-Ngouabi recommandent de prolonger la période Himo au-delà des cinquante jours initiaux, afin de consolider les apprentissages et de réduire le risque de retour à l’inactivité, particulièrement pour les jeunes mères sans terre agricole.

Ils suggèrent également d’introduire un fonds rotatif dédié à l’achat d’outils légers, géré par un comité paritaire femmes-hommes. Cette mesure renforcerait la pérennité des ouvrages tout en renforçant la gouvernance locale, pierre angulaire d’un développement durable et inclusif.

À la veille de la clôture officielle, le chantier de Djoué-Léfini illustre la manière dont une action environnementale ciblée peut devenir un outil puissant pour l’émancipation économique et la prévention des violences de genre. Reste à transformer l’essai par un suivi rigoureux et participatif.

Témoignages et attentes citoyennes

Claudine, vendeuse de gombos, observe une fréquentation accrue de son étal depuis la réouverture de la piste Inoni plateau. « Je gagne une heure de trajet et mes légumes arrivent frais », sourit-elle, évoquant un changement tangible dans son quotidien.

À Odziba, les parents d’élèves espèrent que l’assainissement autour de l’école primaire réduira les maladies hydriques pendant la saison des pluies. Cette attente témoigne de la connexion entre infrastructures de base, réussite scolaire et égalité des chances pour les filles.