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Femmes et dynamique politique 2026

Au lendemain du conclave du 21 août 2025, la Dynamique républicaine pour le développement a appelé le président Denis Sassou-Nguesso à se représenter. Derrière cette décision, une question incontournable affleure : quelle place occuperont les femmes congolaises dans la campagne et, surtout, dans l’après-élection ?

Notre observatoire s’est penché sur la mobilisation féminine annoncée par la branche des femmes de la D.R.D et sur les attentes exprimées, à Brazzaville comme dans les départements, pour que la présidentielle de mars 2026 constitue un levier tangible de progrès en matière d’égalité.

Mobilisation féminine au sein de la DRD

Selon la présidente de l’organisation féminine, Irène Massanga, « chaque comité local doit garantir qu’au moins 50 % des orateurs lors des réunions publiques soient des femmes ». Cette exigence, mentionnée dans le rapport final du conclave, vise à renforcer la visibilité politique des militantes.

Des ateliers de formation au leadership, axés sur la prise de parole, le plaidoyer et la maîtrise des réseaux sociaux, sont programmés d’octobre à février. Les organisatrices tablent sur la participation de trois mille femmes, un volume inédit pour un parti de la majorité présidentielle, observent plusieurs analystes.

Stabilité politique et droits genre

Pour de nombreuses femmes cadres, la stabilité politique promise par la candidature du chef de l’État représente « un environnement propice à l’extension des droits sociaux ». Elles arguent que sans sécurité ni continuité institutionnelle, les réformes concernant la protection contre les violences basées sur le genre demeureraient fragiles.

Les données du ministère des Affaires sociales indiquent pourtant que seules 18 % des victimes ayant saisi la ligne d’écoute nationale en 2024 ont obtenu un accompagnement judiciaire. Les associations souhaitent que la prochaine mandature porte ce taux à au moins 40 %, grâce à un budget consolidé.

Éducation, leadership et parité en débat

La nomination récente d’Hellot Matson Manpouya comme haut-commissaire aux États généraux de l’éducation réactive le débat sur la place des filles dans le système scolaire. Le dernier rapport de l’Unesco fait état d’un taux d’achèvement du premier cycle de 64 % pour les jeunes Congolaises.

Si le parti ambitionne d’aligner la parité aux postes électifs, l’enjeu éducatif reste central. « On ne peut exiger 50 % de députées demain si, aujourd’hui, les adolescentes quittent l’école pour des mariages précoces », rappelle la sociologue Marie-Clarie Banzouzi, interrogée par notre rédaction.

En réponse, la commission intérimaire de la D.R.D envisage un programme de mentorat reliant députées sortantes et étudiantes de terminale. L’objectif est double : encourager les vocations et fournir, dès maintenant, une base de données de profils féminins crédibles pour les investitures législatives de 2027.

Voix des expertes et associations

Pour Élodie Kiakouama, juriste à l’Observatoire congolais des violences faites aux femmes, « la campagne sera l’occasion de tester la sincérité des partis ». Elle insiste : les programmes doivent préciser des indicateurs mesurables, tels que le nombre de centres d’accueil qui ouvriront dans chaque département.

Du côté des organisations rurales, la Fédération des maraîchères de la Cuvette rappelle que 72 % de sa main-d’œuvre est féminine mais que seulement 8 % des dossiers de crédit agricole approuvés en 2024 ont été attribués à des exploitantes. La question de l’accès au financement revient ainsi au premier plan.

Les représentantes de la Plateforme des jeunes filles leaders de Pointe-Noire, reçues hier par le ministère de la Jeunesse, ont demandé l’actualisation du quota de 30 % fixé par la loi électorale de 2016. Elles réclament désormais une formule progressive menant à la parité totale d’ici 2030.

Perspectives citoyennes pour mars 2026

À huit mois du scrutin, les observateurs soulignent l’importance d’une campagne apaisée. L’ONG Publiez Ce Que Vous Financez note que la transparence budgétaire des partis demeure inégale, mais relève des avancées du côté de la majorité, qui a rendu public le budget spécifique consacré aux actions en faveur des femmes.

Les plateformes citoyennes prévoient de déployer sept cents observatrices électorales formées aux procédures de remontée d’incidents. Cet engagement, soutenu par la Commission nationale des droits de l’homme, devrait contribuer à faire de la sécurité des femmes aux bureaux de vote un indicateur central de la crédibilité du scrutin.

En marge des partis, la société civile compte organiser une série de « forums des promesses » où chaque candidat viendra détailler son programme genre. La D.R.D a déjà confirmé sa participation. Les électrices interrogées espèrent y trouver des engagements chiffrés, suivis d’un mécanisme public de suivi.

Au-delà de l’échéance de mars, les femmes congolaises entendent inscrire leurs revendications dans la durée. Comme le résume la militante Grâce Mboumba : « Une élection passe vite, mais ses conséquences, elles, durent cinq ans. Nous voulons que ces cinq ans soient ceux du progrès égalitaire ».

Reste désormais à traduire ces ambitions en textes contraignants. Les juristes rappellent que la révision attendue du code électoral, annoncée pour décembre, pourrait intégrer des sanctions financières contre les listes non paritaires. Ce signal législatif serait, selon elles, la pierre angulaire d’une nouvelle gouvernance inclusive et durable demain.