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Une dynamique panafricaine en marche

La table-ronde panafricaine du Forum international de la jeunesse pour le développement de l’Afrique, tenue le 12 août à Kinshasa, a réuni plus de 500 participantes et participants autour d’un même credo : conjuguer ambition écologique et justice sociale pour l’avenir du continent.

L’événement marquait la Journée internationale de la jeunesse, fixant la feuille de route d’une génération résolue à peser dans les décisions climatiques, économiques et sociétales, tout en consolidant un leadership inclusif respectueux de la place des jeunes femmes.

Le président du Fijada, Jonathan Lumbeya Masuta, a annoncé la présentation des conclusions à Brazzaville, soulignant que « l’unité des deux rives du fleuve Congo est un atout pour l’innovation jeunesse », propos salués par plusieurs observateurs congolais.

Brazzaville, étape clé de la mobilisation

Le 23 août, l’Hôtel Saphir accueillera la restitution officielle, avec un parterre d’acteurs étatiques, associatifs et onusiens. Cette séance marque aussi l’installation du bureau national du Fijada, confié à Daniel Biangoud, porte-voix de la délégation congolaise.

Selon le ministre des Postes et de l’Économie numérique, Léon-Juste Ibombo, attendu à la tribune, « l’énergie des jeunes est une ressource stratégique que le gouvernement entend accompagner dans le respect des priorités nationales ». Une déclaration considérée comme une ouverture pour de futures coopérations.

La présence de Pamela Audrey Derom, vice-présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse pour l’Afrique centrale, en visioconférence depuis Bangui, rappelle la nécessaire articulation entre initiatives locales et plaidoyer régional.

Les femmes jeunes, moteur de la transition verte

Parmi les 500 participant·es de Kinshasa, près de 60 % étaient des femmes, un chiffre salué par les organisations congolaises de défense des droits féminins qui peinent souvent à franchir la barre symbolique des 30 % lors d’événements similaires.

« Nous ne voulons plus être simplement décoratives », déclare Christelle Boungou, doctorante en agronomie, avant d’ajouter que la transition énergétique « doit se construire avec nos compétences scientifiques ». Son témoignage reflète la revendication d’une pleine participation décisionnelle.

Le Fijada a consacré un atelier aux obstacles spécifiques subis par les jeunes femmes, depuis l’accès aux financements verts jusqu’à la sécurité lors des déplacements en zones rurales. Les propositions issues de ces échanges structurent déjà un programme d’actions ciblées.

Pour Mireille Mbani, sociologue à l’Université Marien-Ngouabi, « la domination de genre dans la gouvernance climatique n’est pas une fatalité ». Elle souligne que l’approche intergénérationnelle valorisée par le Fijada pourrait accélérer l’atteinte des Objectifs de développement durable.

Des priorités partagées: climat, emploi, équité

Les conclusions de Kinshasa privilégient trois axes : adapter les politiques climatiques nationales aux réalités locales, créer des chaînes de valeur verte créatrices d’emplois, renforcer l’équité de genre dans la gouvernance sectorielle.

Le rapport identifie la foresterie communautaire, les énergies renouvelables hors réseau et l’agriculture régénératrice comme niches porteuses pour le marché congolais. Ces secteurs exigent cependant une amélioration continue des normes de protection sociale, notamment pour les travailleuses informelles.

Dans un contexte où 75 % des Congolais de moins de 35 ans aspirent à l’entrepreneuriat, la dimension emploi est centrale. Le document propose un fonds d’amorçage alimenté par des partenaires publics et privés, assorti d’un quota minimal de projets portés par des femmes.

Recommandations pour un impact durable

Parmi les recommandations phares figure la création de centres d’excellence régionaux sur l’innovation climatique, adossés aux universités locales et dotés de laboratoires d’essais accessibles à prix réduit pour les start-up dirigées par des femmes.

Le texte insiste également sur la nécessité d’un dispositif statistique genré afin de suivre l’impact réel des politiques écologiques. Sans mesure fiable, avertissent les experts, la performance restera une projection théorique dépourvue d’efficacité concrète.

Enfin, la table-ronde recommande d’élargir l’éducation environnementale dès le primaire. Les intervenantes congolaises affirment que le développement d’un « réflexe vert » chez les jeunes garçons peut réduire les résistances culturelles auxquelles sont confrontées leurs consœurs innovatrices.

Vers un agenda national inclusif

À Brazzaville, la cérémonie de restitution servira de tremplin pour un dialogue permanent entre jeunesse, institutions et entreprises. Un comité de suivi quadripartite sera mis en place afin de passer des recommandations aux actes, avec un calendrier semestriel.

Le député Exaucé Ibam Ngambili, qui coprésidera le comité, assure que le nouveau bureau du Fijada « trouvera à Brazzaville un terreau institutionnel favorable ». Il évoque la loi sur la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes, adoptée en 2022.

Pour l’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes, la réussite de cet agenda dépendra de l’intégration d’indicateurs de prévention des violences sexistes dans chaque projet subventionné. Des discussions sont déjà engagées avec le ministère du Genre et de la Famille.

Jonathan Lumbeya Masuta se veut optimiste : « Les jeunes du Congo sont prêts à transformer l’urgence climatique en opportunité inclusive ». Son appel, relayé sur les réseaux sociaux, témoigne d’une effervescence citoyenne qui, si elle est pérennisée, pourrait changer l’histoire du fleuve.