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Fermeture prolongée des stades : état des lieux

La saison sportive 2025 approche, pourtant les portes des stades Alphonse-Massamba-Débat, Municipal et Paul-Sayal-Moukila restent closes. La décision, reconduite par le ministère des Sports depuis plusieurs mois, surprend acteurs et supporters qui s’attendaient à un retour progressif des compétitions nationales.

Réuni le 22 août, le Comité exécutif de la Fécofoot a exprimé, dans un communiqué, son « étonnement » face à cette fermeture durable qu’il juge désormais injustifiée sur le plan réglementaire, puisque l’ordonnance de la Cour d’appel a levé la suspension précédente.

Les accords de 2014 et 2016 en question

Les parties s’appuient sur deux textes clés : la note de service de mars 2014 et la déclaration d’octobre 2016. Ces documents accordaient à la Fécofoot un droit d’usage de vingt ans, en contrepartie de la pose de pelouses synthétiques financée par la FIFA.

Aux yeux de l’instance fédérale, aucune mesure administrative n’est venue annuler formellement ces privilèges contractuels. Pour elle, la continuité juridique devrait prévaloir et permettre la reprogrammation immédiate des matches, y compris ceux des championnats féminins en plein essor.

Conséquences sur les compétitions nationales

Depuis la mise sous cadenas des enceintes, plusieurs journées de Ligue 1 et de Ligue 2 ont été repoussées, entraînant des coûts supplémentaires de logistique et d’hébergement pour les clubs provinciaux qui comptent déjà sur des budgets limités.

Le calendrier condensé risque d’accroître la fatigue des joueurs et d’affecter la qualité du spectacle, élément central pour attirer sponsors et diffuseurs. Certains observateurs redoutent que la fréquentation baisse lorsque les tribunes rouvriront, faute de continuité sportive.

Enjeux pour les sélections internationales

La campagne éliminatoire de la Coupe du monde 2026 se prépare dans l’incertitude. Sans stade homologué, les Diables Rouges pourraient être contraints de louer un terrain à l’étranger, avec un impact financier évalué à plusieurs dizaines de milliers de dollars.

Le même dilemme concerne les sélections U20 dames et U17, attendues lors des tournois UNIFFAC. La Fécofoot insiste sur l’importance de jouer « à domicile » pour maximiser soutien populaire et repérage de talents issus des académies locales.

Impact spécifique sur le football féminin

Les joueuses des clubs Épah-Ngamba ou Cœur de Lion, récemment médaillées lors du tournoi zonal, voient leur dynamique freinée. L’absence de stades disponibles compromet la visibilité de leurs championnats et donc les opportunités de sponsoring dédiées au sport féminin.

Pour Béatrice Mvoula, sociologue du sport, « la régularité des matchs est essentielle à l’émancipation économique des athlètes féminines ». Elle souligne que chaque rencontre annulée réduit la possibilité de négocier de nouveaux contrats ou de sensibiliser le public aux droits des femmes.

Gouvernance interne de la Fécofoot

Conformément à l’article 37.7 des statuts, Eudes Eric Mouandhalt et Hyppolite Okondzi Kongolo ont été proposés pour combler les postes vacants au Comité exécutif. Cette démarche illustre la volonté de stabiliser l’instance afin de mieux dialoguer avec les autorités tutélaires.

Les observateurs jugent crucial que cette recomposition s’accompagne d’une stratégie de communication transparente, capable de rassurer clubs, supporters et partenaires internationaux sur la capacité de la fédération à organiser des compétitions respectant les normes de la CAF.

Dynamique des clubs et licences dirigeants

Malgré la conjoncture, plusieurs clubs ont tenu leurs assemblées générales dans les délais statutaires. La Linafoot et la Linaff devraient prochainement délivrer les licences des dirigeants, mesure destinée à professionnaliser la gestion et à garantir l’éthique financière au sein des structures.

Les présidents interrogés saluent « un pas important vers la crédibilité du championnat », tout en rappelant que l’accès aux infrastructures demeure la priorité absolue. Sans terrain, préviennent-ils, les réformes administratives risquent de rester théoriques, faute d’un terrain d’expression pour les talents.

Perspectives de dialogue institutionnel

Le ministère des Sports n’a pas encore réagi officiellement au communiqué de la Fécofoot. Des sources proches du dossier évoquent la finalisation d’un audit technique des enceintes avant toute réouverture, audit destiné à garantir la sécurité des publics et des athlètes.

Dans l’intervalle, les acteurs du football congolais appellent à un compromis rapide, rappelant que le sport reste un puissant vecteur de cohésion sociale et de diplomatie culturelle. L’ouverture des stades offrirait aussi une tribune précieuse à la promotion du football féminin.

Retombées économiques pour les communautés locales

Les villes de Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie subissent déjà une baisse de recettes informelles. Restaurateurs, vendeurs ambulants et chauffeurs de taxi établissent une perte moyenne de 30 % de leur chiffre hebdomadaire depuis que les stades n’accueillent plus de rencontres.

Selon l’économiste Marc Ibara, chaque match de Ligue 1 génère jusqu’à 1500 emplois temporaires. La prolongation de la fermeture retarde donc la relance d’activités essentielles pour de nombreuses femmes qui assurent le petit commerce autour des enceintes sportives.

Des signaux d’espoir pour la prochaine saison

Des réunions techniques se tiennent depuis début septembre entre ingénieurs, délégués de la CAF et représentants du ministère. Les inspections préliminaires auraient confirmé la conformité des vestiaires rénovés et du système électrique, éléments indispensables à l’homologation internationale.

Si les conclusions définitives sont favorables, les championnats pourraient reprendre avant le mois de novembre. La Fécofoot s’est déjà dite prête à élaborer un calendrier réajusté et à mettre en place des mesures sanitaires afin de rassurer les familles.