Le FHIC 2023 dynamise l’employabilité jeune
Pendant trois jours, l’auditorium du Port autonome de Pointe-Noire a résonné d’échanges intenses. La cinquième édition du Forum Horizon Initiative et Créativité, dite FHIC, y a rassemblé acteurs publics, bailleurs, experts et surtout des centaines de jeunes porteurs de projets.
Objet central des débats, la question de l’adéquation formation-emploi trouve ici un laboratoire grandeur nature. Tables rondes, ateliers et stands ont permis de croiser regards institutionnels et vécus de terrain, dans une atmosphère décrite comme « studieuse et ambitieuse » par plusieurs observateurs.
Chiffres clés et leviers financiers
Le ministre d’État Pierre Mabiala, parrain d’honneur, a livré des données qui éclairent la portée concrète de l’événement. Cinq cents jeunes ont décroché, via le Figa, un soutien global de 63,8 millions de francs CFA destiné à la matérialisation de leurs idées.
Dix projets particulièrement innovants ont en outre reçu chacun dix millions de francs. Cette sélectivité vise à encourager la rigueur et la viabilité économique, analyse une spécialiste de la micro-finance, assurant que « l’accompagnement technique demeurera déterminant pour franchir le cap des trois premières années ».
Parallèlement, plus de quatre cents participants ont bénéficié de formations ciblées dans les filières agro-pastorales, secteurs jugés porteurs pour la diversification de l’économie nationale. L’incubateur de la Congolaise Agricole a déjà enregistré 184 inscriptions, signalant un engouement durable.
Une vitrine pour l’entrepreneuriat féminin
Sur les cent six stands d’exposition-vente, près de la moitié étaient tenus par des créatrices d’entreprise venues de Brazzaville, Dolisie ou Ouesso. Cosmétique bio, couture responsable et applications mobiles conçues localement démontrent la pluralité des compétences féminines.
Aline France Etokabeka, coordinatrice générale du forum, souligne que « la question genre n’est plus un segment périphérique mais un axe stratégique ». Elle rappelle que plusieurs lauréates du Prix d’excellence Le Prince investissent déjà les chaînes de valeur du recyclage et de la protection environnementale.
Pour la sociologue Mireille Kodia, présente dans l’auditoire, la visibilité accordée aux entrepreneures constitue « un indicateur positif d’empowerment ». Selon elle, la pérennité passera par l’accès aux marchés publics et privés, domaine où les partenariats évoqués avec l’Agence congolaise pour l’emploi demeurent cruciaux.
Alliance État-secteur privé saluée
Le Premier ministre Anatole Collinet Makosso a rappelé que l’initiative s’inscrit dans la feuille de route présidentielle sur la jeunesse. Son allocution a insisté sur la cohésion affichée entre administrations et opérateurs privés, condition sine qua non pour absorber les 1 200 profils actuellement recherchés à Pointe-Noire.
Des cadres du Patronat congolais ont, pour leur part, évoqué des besoins réels dans la maintenance industrielle, le codage logiciel et l’agro-transformation. Ils estiment que les diplômés issus du FHIC peuvent réduire le recours à une expatriation coûteuse de certaines compétences spécialisées.
Cette convergence d’intérêts nourrit un discours d’optimisme mesuré. L’économiste Grégoire Mavoungou prévient néanmoins que « l’emploi durable se construit aussi par la simplification administrative et la stabilité réglementaire », des points sur lesquels des groupes de travail devraient être diligentés avant la prochaine édition.
Voix de participantes et effets attendus
Lucie, 27 ans, diplômée en agronomie, repart avec un kit de démarrage pour un élevage de pondeuses. « Le prêt cautionné par le Figa me libère de la pression bancaire », confie-t-elle, estimant pouvoir créer trois emplois locaux d’ici six mois.
De son côté, Diane, développeuse web autodidacte, a conclu un contrat d’essai avec une société pétrolière cherchant des compétences en cybersécurité. Elle y voit la preuve que les filières numériques s’ouvrent davantage aux femmes capables de proposer des solutions sur mesure.
Le panel consacré à la santé mentale des porteurs de projets a également marqué les esprits. Psychologues et coachs ont rappelé que résilience, confiance et réseau social solide composent un capital immatériel décisif, souvent négligé dans les programmes classiques d’accompagnement.
Perspectives pour une employabilité inclusive
Les organisateurs visent déjà l’extension du FHIC à d’autres villes, afin de toucher les jeunes des zones rurales. Une démarche qui pourrait réduire les disparités territoriales observées dans les indicateurs d’emploi féminin, selon l’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes.
À court terme, la plateforme numérique promise par la coordination permettra de suivre les projets financés, de mutualiser les données et de mesurer l’impact social en temps quasi réel. L’objectif est d’installer un cadre d’évaluation transparent, indispensable pour attirer de nouveaux investisseurs.
En clôturant les travaux, Aline France Etokabeka a exhorté la jeunesse à saisir « une occasion historique de prouver son ingéniosité ». Les sourires captés à la sortie de l’auditorium laissaient entrevoir l’espoir d’une génération prête à transformer l’élan du forum en emplois durables.
Le comité scientifique prévoit d’introduire, dès 2024, un module spécifique sur les droits des travailleuses et la prévention du harcèlement professionnel. Cette orientation répond aux recommandations émises par plusieurs organisations féminines qui plaident pour des environnements de travail sûrs et équitables.
Une collaboration avec les universités actualisera les curricula pour intégrer les compétences vertes et numériques, consolidant la place des femmes dans ces métiers.