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2026, un scrutin sous le signe de l’inclusion

À douze mois du scrutin présidentiel de mars 2026, la société congolaise s’anime. Débats, inscriptions électorales et réunions citoyennes se multiplient. Au-delà des pronostics, l’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes s’intéresse à une question majeure : la place des femmes dans cette compétition.

Les dispositions constitutionnelles autorisent un troisième quinquennat, permettant ainsi au président Denis Sassou Nguesso de briguer un nouveau mandat. Plusieurs figures de l’opposition préparent également leur candidature. Dans cette configuration, la participation féminine reste un indicateur déterminant de la qualité démocratique du processus.

Participation féminine: chiffres et réalités

En 2021, les données officielles indiquaient que 52 % du corps électoral était composé de femmes, mais leur représentation parmi les délégués de commissions locales n’atteignait que 18 %. Les organisations de la société civile souhaitent aujourd’hui réduire ce décalage et documentent les obstacles structurels rencontrés par les citoyennes.

Sophie Ngouala, juriste au Centre d’études politiques de Brazzaville, rappelle : « La loi sur la parité adoptée en 2019 fixe un objectif de 30 % de femmes sur les listes électorales, mais l’application dépend surtout des partis ». Ce constat engage directement la responsabilité des états-majors.

Violence politique et sécurité des électrices

Dans le camp majoritaire, plusieurs coordinations féminines sillonnent déjà les quartiers pour expliquer le programme présidentiel et encourager l’inscription des nouvelles électrices. Elles revendiquent la poursuite des programmes de santé maternelle et l’extension du Fonds d’appui aux initiatives économiques des femmes, lancé en 2022.

Du côté de l’opposition, les plateformes citoyennes insistent sur les droits civiques et la protection des militantes pendant la campagne. « Les intimidations verbales, parfois banalisées, dissuadent encore beaucoup de femmes », observe Mireille Gassongo, porte-parole du Collectif 50-50. Les formations promettent des actions de sensibilisation ciblées.

La sécurité constitue en effet une préoccupation majeure. Selon le rapport annuel de l’Observatoire, 64 actes de violence à caractère politique visant des femmes ont été enregistrés en 2023, dont 15 agressions physiques. Les autorités affirment avoir mis en place un dispositif de signalement rapide via la plateforme téléphonique Allô Violence.

Programmes des candidats: où sont les femmes ?

Au-delà de la protection, la question des moyens financiers pèse lourd. Une étude de l’Université Marien Ngouabi révèle qu’une candidate dépense en moyenne 35 % de moins qu’un candidat masculin, mais bénéficie aussi d’une couverture médiatique deux fois moindre. Le déficit de visibilité réduit ses chances d’accéder à un leadership national.

À cela s’ajoutent les normes socioculturelles. Plusieurs familles continuent de percevoir la politique comme un domaine masculin. La sociologue Clarisse Mabiala souligne que la charge domestique non rémunérée occupe quotidiennement cinq heures des femmes rurales, limitant leur capacité à participer aux réunions ou aux formations électorales.

Le ministère de l’Intérieur assure que le nouveau fichier électoral sera totalement numérisé avant décembre, réduisant le risque de doubles inscriptions. Les organisations féminines demandent à être associées au contrôle citoyen du registre, estimant que la transparence sur les chiffres favorisera la confiance et motivera l’inscription de première fois votantes.

Une vigilance citoyenne et institutionnelle accrue

Sur le terrain diplomatique, les partenaires internationaux soutiennent des programmes d’éducation civique. L’Agence de la Francophonie finance par exemple des ateliers d’écriture de messages radio animés par de jeunes journalistes congolaises. Objectif : diffuser au moins vingt chroniques hebdomadaires encourageant l’égalité de participation avant le lancement officiel de la campagne.

Du côté des médias nationaux, le Conseil supérieur de la liberté de communication rappelle que le temps d’antenne devra respecter une stricte équité. Un guide pratique, publié en août, propose des indicateurs genrés pour mesurer le temps accordé aux expertes et aux candidates dans les débats télévisés.

Restent les programmes eux-mêmes. Les projets publics d’employabilité des jeunes, de couverture santé universelle et de transition énergétique suscitent l’attention des électrices. Les analystes notent que l’intégration d’indicateurs d’égalité professionnelle devient un critère de crédibilité. « Un discours sans budget dédié n’est plus audible », résume l’économiste Richard Ibara.

Pour l’instant, aucun sondage scientifique n’a été publié. La prudence domine donc les commentaires. Néanmoins, plusieurs observateurs estiment qu’une nette hausse de la participation féminine pourrait faire évoluer le résultat final, à condition que les femmes convertissent leur force numérique en un vote conscient et orienté.

En définitive, l’élection de 2026 apparaîtra aussi comme un baromètre de la consolidation démocratique. Une mobilisation pacifique, inclusive et transparente renforcerait la légitimité des institutions et offrirait aux Congolaises un espace accru pour défendre leurs droits. Le compte à rebours est lancé ; la citoyenneté active s’organise.

Perspectives régionales et coopération

La Communauté économique des États d’Afrique centrale suit le processus avec attention. L’organisation a, dès juillet, proposé l’envoi d’observatrices spécialisées sur le genre afin de documenter les pratiques positives émergentes et de faciliter l’échange d’expériences entre pays voisins.

Pour l’Observatoire, cette dynamique permettrait aussi de nourrir un plaidoyer régional en faveur de budgets sensibles au genre dans les politiques publiques. Les discussions engagées à Libreville sur l’harmonisation des cadres légaux pourraient, si elles aboutissent, renforcer la défense des droits des femmes au Congo-Brazzaville.