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Mobilisation citoyenne à Brazzaville

Le 28 août, la salle polyvalente située au cœur de Brazzaville a accueilli la première conférence des délégués du Patriarche, une rencontre inédite consacrée à l’engagement citoyen et à la révision des listes électorales.

Autour de Digne Elvis Okombi Tsalissan, coordinateur général de l’initiative Le Patriarche et de l’ONG Génération Auto-Entrepreneur, responsables politiques, acteurs associatifs et leaders d’opinion ont exprimé une volonté partagée : dynamiser la participation aux scrutins futurs.

La cérémonie, sobre et rythmée par des interventions plurielles, s’est déroulée dans un climat de coopération institutionnelle, illustrant la convergence entre société civile et autorités sur la nécessité d’une mobilisation inclusive.

Enjeux de la révision des listes électorales

Premier objectif affiché : réduire l’abstention qui a marqué les consultations précédentes en facilitant l’inscription d’électrices et électeurs encore absents des registres.

Selon l’orateur principal, « dans l’isoloir chacun détient le même pouvoir, qu’il soit professeur, chômeur ou auto-entrepreneur », un rappel qui ancre l’égalité civique dans l’imaginaire collectif et résonne particulièrement auprès des femmes souvent sous-représentées.

La révision annoncée constitue également une occasion d’actualiser l’état civil, démarche essentielle pour sécuriser le processus et conforter la confiance des citoyennes envers les institutions.

Place des femmes congolaises dans l’engagement civique

Si la conférence se veut nationale, l’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes insiste sur la nécessité d’élargir l’espace de participation féminine, notamment dans les zones rurales où les normes sociales restent contraignantes.

Des enquêtes internes soulignent que, malgré une alphabétisation croissante, de nombreuses femmes hésitent encore à s’enregistrer, craignant la complexité administrative ou le jugement communautaire.

Pour répondre à ces obstacles, les organisateurs prévoient des séances de sensibilisation itinérantes, accompagnées de juristes capables de vulgariser les procédures et de médiatrices locales reconnues, afin de créer un climat de confiance.

Défis sociologiques de la participation juvénile

Le Patriarche observe un désintérêt croissant des 18-35 ans pour les processus électoraux, phénomène accentué par la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux.

M. Okombi Tsalissan a mis en garde contre « la financiarisation de la vie politique », source de cynisme, et a appelé à une pédagogie collective apte à montrer que chaque voix pèse, quel que soit le capital économique.

L’opération Matissa Affaire avec Loboko ya Patriarche entend utiliser la musique urbaine, les tournois sportifs de quartier et les cercles de lecture pour redonner sens à l’implication électorale des jeunes, filles comprises.

Initiatives locales et partenariats institutionnels

Depuis plusieurs mois, les antennes départementales de Génération Auto-Entrepreneur coopèrent avec les autorités administratives pour recueillir des données fiables sur les zones à faible taux d’enrôlement, sans opposer acteurs publics et associatifs.

Le ministère de l’Intérieur, chargé de l’organisation des scrutins, suit avec intérêt cette expérimentation et a salué « un esprit constructif susceptible d’inspirer d’autres organisations ».

Des bailleurs, tels que l’Agence française de développement, ont été approchés pour soutenir la logistique des ateliers mobiles, preuve que la société civile congolaise sait mobiliser des ressources diversifiées sans sacrifier son autonomie.

Perspectives pour les élections de 2026

À l’issue des travaux prévus jusqu’au 30 août, un mémorandum détaillera des recommandations, depuis l’amélioration des centres d’enrôlement jusqu’au renforcement de la formation des agents, dans une optique d’inclusivité et de transparence.

Pour l’Observatoire, la mise en œuvre de ces propositions pourrait augmenter significativement le taux d’inscription des femmes, point crucial avant les échéances de 2026 où de nombreuses étudiantes deviendront électrices pour la première fois.

En clôturant la conférence, Digne Elvis Okombi Tsalissan a rappelé la maxime d’Henry Ford : « se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite », une devise qui résonne avec l’ambition partagée d’un Congo pleinement participatif.

Les observateurs académiques rappellent que la participation électorale est un indicateur structurant de la cohésion nationale ; un taux supérieur à 70 % lors des inscriptions serait perçu comme un signal fort envoyant un message de maturité démocratique, sans remettre en cause la stabilité institutionnelle.

Certaines déléguées venues de la Cuvette centrale ont évoqué les coûts de transport vers les centres d’état civil, insistant sur la création de guichets mobiles financés par des partenariats public-privé pour réduire la charge financière supportée par les ménages ruraux.

À Brazzaville, plusieurs associations féminines projettent des campagnes nocturnes de porte-à-porte, estimant que ce format intimiste rassure les cheffes de famille dont les journées sont absorbées par les activités de subsistance et la garde d’enfants.

L’ensemble de ces propositions sera transmis aux commissions techniques compétentes, lesquelles intégreront ces contributions citoyennes dans les rapports officiels, illustrant la complémentarité entre initiative populaire et cadre normatif.

Pour la sociologue Joséphine Massamba, invitée à commenter les travaux, la clé réside dans « la ritualisation positive du vote », c’est-à-dire la transformation du passage à l’isoloir en moment de valorisation communautaire plutôt qu’en simple obligation administrative.

Le suivi de la mise en œuvre sera assuré par un comité paritaire, associant juristes, statisticiens et représentantes d’ONG féminines, afin de garantir que les indicateurs de genre, d’âge et de localisation soient systématiquement mesurés et publiés.