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Un fonds d’urgence au service de la santé publique

Le 26 août, la Croix-Rouge congolaise a officiellement inauguré à Brazzaville le Fonds d’urgence pour les secours en cas de catastrophe, Dref, afin de consolider la riposte contre l’épidémie de choléra déclarée sur le territoire national depuis fin juin 2025.

Cet instrument financier est soutenu par la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui assure l’accompagnement technique nécessaire à une action humanitaire régulière, structurée et compatible avec les normes recommandées en situation de crise sanitaire.

L’initiative entend offrir une visibilité accrue au plan d’action de la Croix-Rouge congolaise et rappeler que la prévention du choléra repose d’abord sur la disponibilité de l’eau potable, des soins de santé précoces et d’une information communautaire accessible à toutes les couches sociales.

Réponse coordonnée des autorités congolaises

Représentant le ministre de la Santé et de la Population, le directeur de cabinet Donatien Mounkassa a rappelé lors du lancement que le choléra demeure une maladie évitable et soignable, à condition de renforcer simultanément surveillance épidémiologique, traitement rapide et mesures de prévention dans les foyers.

L’autorité sanitaire a toutefois indiqué que le pays recensait environ cinq cents cas confirmés, dont trente-cinq décès, soit un taux de létalité élevé qui justifie une mobilisation institutionnelle et communautaire accélérée dans les zones urbaines comme dans les localités rurales enclavées.

Selon les données présentées, l’épicentre situé sur l’île Mbamou paraît actuellement en régression, tandis que de nouvelles notifications surviennent dans les districts de Mossaka, de Loukoléla et dans plusieurs villages environnants, signe d’une transmission encore active le long du fleuve.

Engagement international et appui financier

Au nom de l’Union européenne, la cheffe de délégation Anne Marchal a annoncé le déblocage de deux cent vingt mille euros, soit près de cent quarante millions de francs CFA, pour soutenir l’opération Dref et compléter la contribution globale accordée par Bruxelles à la Fédération.

Ce financement permettra de fournir un soutien direct à environ quatre mille personnes à Brazzaville, en garantissant un accès sécurisé à l’eau potable, aux soins curatifs essentiels et à un encadrement renforcé des pratiques d’hygiène individuelles et collectives.

Les partenaires projettent une intervention de quatre mois, couvrant la période d’août à décembre, afin de consolider durablement la résilience des ménages bénéficiaires et de limiter l’extension de la maladie durant la saison des pluies, généralement favorable à la diffusion du vibrion.

Enjeux sanitaires dans les départements touchés

Brazzaville et la Cuvette demeurent les départements les plus affectés depuis la notification initiale du 23 juin, alors que la mobilité transfrontalière avec la République démocratique du Congo constitue un facteur aggravant constaté par les équipes de terrain.

Sur l’île Mbamou, la précarité des infrastructures d’assainissement et la proximité prolongée avec les zones de pêche expliquent la concentration historique des cas, même si les indications récentes laissent présager une décrue graduelle sous l’effet des actions de désinfection.

Dans les districts fluviaux de Mossaka et Loukoléla, l’enjeu majeur reste la disponibilité rapide de solutions chlorées pour le traitement domestique de l’eau, couplée à la sensibilisation continue des riverains, souvent dispersés le long des affluents et difficiles à atteindre par voie terrestre.

Perspectives pour contenir la propagation

La Coordination nationale sur le choléra, hébergée au ministère de la Santé, table sur une synergie accrue entre autorités locales, société civile et partenaires humanitaires pour capitaliser sur la fenêtre d’opportunité ouverte par le financement européen et la plateforme Dref.

Les responsables de la Croix-Rouge soulignent que la diffusion d’informations fiables sur les signes cliniques, ainsi que la disponibilité de points de réhydratation orale, restent les outils les plus efficaces pour abaisser la létalité et renforcer la confiance des communautés.

Dans le prolongement, les autorités envisagent d’intensifier la surveillance le long des axes fluviaux reliant la Cuvette à l’Angola et à la RDC, où des flambées concomitantes sont rapportées dans la province de Cabinda, à Kinshasa et dans la province de l’Équateur.

Le succès espéré de la stratégie repose in fine sur l’engagement continu des communautés riveraines, qui demeurent les premières à pouvoir rompre la chaîne de contamination grâce à l’adoption de gestes simples, encouragés par la Croix-Rouge et soutenus par les institutions nationales.

Rôle des médias et de la société civile

Les médias congolais sont invités à relayer régulièrement les bulletins sanitaires officiels, afin d’éviter les rumeurs qui, lors d’épisodes précédents, avaient perturbé la fréquentation des centres de traitement et retardé la prise en charge des premières déshydratations.

Plusieurs organisations de la société civile, actives dans la promotion de l’hygiène, se sont engagées à appuyer les campagnes porte-à-porte pilotées par la Croix-Rouge, particulièrement dans les quartiers périphériques où les infrastructures d’assainissement restent insuffisantes malgré des améliorations notables ces dernières années.

Dans les messages diffusés, l’accent est mis sur le lavage des mains au savon, la désinfection des points d’eau et l’importance de consulter précocement, trois recommandations simples dont l’application rigoureuse a déjà démontré son efficacité au cours d’autres alertes diarrhéiques.