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Accès santé femmes : un enjeu vital

Depuis son inauguration en 2013, l’Hôpital de l’Amitié sino-congolaise représente pour de nombreuses mères de Brazzaville la promesse d’un suivi obstétrical fiable. Pourtant, la dégradation progressive de la voie menant à Mfilou a sapé cet espoir, retardant parfois des consultations urgentes.

Le 4 septembre, le premier coup de pelle donné par le maire Dieudonné Bantsimba et le diplomate chinois Qiu Jianming a donc sonné comme un soulagement collectif, ouvrant un chantier de réhabilitation de 320 mètres entièrement financé par l’ambassade de Chine.

Coopération Chine Congo : un hôpital symbolique

Implanté au cœur du septième arrondissement, l’établissement accueille depuis dix ans la mission médicale chinoise, aujourd’hui à sa trente-et-unième rotation. Ces praticiens proposent régulièrement des soins gratuits et ont récemment offert un lot de médicaments indispensables aux services de gynécologie et de pédiatrie.

Pour Qiu Jianming, l’infrastructure incarne « l’esprit de solidarité internationale » noué entre Pékin et Brazzaville. La route rénovée vise à pérenniser ce travail, car, rappelle-t-il, une ambulance immobilisée sur un chemin défoncé réduit à néant les efforts déployés dans les salles d’opération.

Réhabilitation route Mfilou : détails techniques

La société congolaise CBC dispose de trente jours ouvrables pour achever la couche de roulement, renforcer les bétons et curer les caniveaux existants. Les ingénieurs prévoient aussi de consolider les parois latérales afin d’empêcher les ruissellements qui transformaient jadis le trajet en obstacle aquatique.

Ces travaux, bien que modestes en longueur, s’inscrivent dans une stratégie municipale plus vaste. Le maire Bantsimba annonce déjà, avec l’appui de la Banque mondiale, de futures interventions anti-inondation destinées à protéger Mfilou-Ngamaba des crues saisonnières qui affectent en priorité les ménages les plus précaires.

Mobilité féminine Brazzaville : bénéfices attendus

Bibiane Itoua, administrateur-maire de Mfilou, rappelle que 387 730 habitants dépendent du tronçon pour rejoindre l’hôpital, un collège et le lycée de la Réconciliation. « Les femmes enceintes ne devront plus négocier avec les ornières pour arriver aux urgences », souligne-t-elle, visiblement émue.

Au quotidien, l’état dégradé de la chaussée obligeait les taxis à surtaxer la course jusqu’à l’enceinte hospitalière. Le renchérissement des transports touchait d’abord les vendeuses de marché et les mères accompagnant un enfant fiévreux, déjà confrontées à des revenus irréguliers.

Selon une enquête interne de notre Observatoire, les retards d’accès aux soins constituent l’un des facteurs aggravants de la mortalité maternelle. Or, 60 % des femmes interrogées dans le district disent avoir manqué au moins un rendez-vous prénatal en raison des difficultés de transport.

Témoignages croisés des acteurs locaux

Rosine, 29 ans, vendeuse de légumes, confie qu’elle mettait quarante minutes pour parcourir deux kilomètres en moto-taxi lorsque la route était inondée. « Je priais pour ne pas accoucher sur le siège », raconte-t-elle, espérant désormais des trajets plus sereins.

Le docteur Li Wei, chef de la mission médicale, observe que la fréquentation des consultations prénatales chute de 15 % pendant la saison des pluies. Il anticipe une inversion de cette tendance dès la livraison du chantier, prévue avant la fin du mois.

Pour l’ingénieur civil Alain Yoka, le délai de trente jours est réaliste si les pluies restent limitées. « Nous avons privilégié un béton à haute résistance adapté au sol sablonneux de Mfilou ; son entretien régulier garantira la durabilité », précise-t-il.

Au niveau municipal, les techniciens promettent un suivi participatif. Des comités de quartier seront mobilisés pour signaler toute fissure précoce. Cette approche intégrée, inspirée des programmes de la Banque mondiale, vise à responsabiliser les riveraines et à construire une culture d’entretien citoyen.

Résilience urbaine inclusive

Alors que Brazzaville s’étend vers ses périphéries, sécuriser les voies secondaires devient un impératif de santé publique. Chaque minute gagnée sur un trajet d’évacuation médicale augmente les chances de survie, rappelle l’Organisation mondiale de la santé dans ses recommandations sur les villes durables.

L’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes salue l’initiative qui, sans viser spécifiquement le genre, génère un gain réel pour l’autonomie féminine. Une route entretenue réduit les risques d’agression liés aux longues marches nocturnes et facilite l’accès aux services de soutien psychosocial.

Loin d’être un geste isolé, le don chinois prolonge une coopération médicale amorcée dès 1968 entre les deux États. Le gouvernement congolais, en encourageant ce partenariat, renforce les capacités hospitalières nationales sans alourdir le budget public déjà sollicité par d’autres priorités.

Les observateurs soulignent toutefois l’importance d’une maintenance régulière pour éviter que le corridor ne retourne à son état initial. La pérennité de l’investissement dépendra du civisme des usagers, mais aussi de l’allocation de fonds municipaux dédiés, prévue dans le prochain budget local.

Si les promesses sont tenues, la nouvelle route pourrait devenir un modèle de micro-infrastructure à fort impact social. Et, pour les mères de Mfilou, chaque nid-de-poule comblé rapprochera un peu plus la naissance d’un enfant en sécurité, sous un toit hospitalier accessible.