L’éclat d’un podium international
En décrochant le bronze lors du Championnat international de hapkido et taekgyeon organisé en Corée du Sud, Edmond Narcisse Gantsie Dzia a hissé le drapeau congolais sur un podium dominé par les États-Unis et la France, suscitant fierté et curiosité.
Le président de la Fédération nationale de hapkido concourait dans la catégorie des plus de 83 kilos réunissant seniors dès 18 ans et vétérans jusqu’à 55 ans. Son expérience technique a fait la différence malgré l’intensité physique imposée par les gabarits étrangers.
Le parcours d’Edmond Narcisse Gantsie Dzia
Natif de Brazzaville, il s’est affirmé au fil des ans comme l’un des praticiens les plus constants du pays. Sa médaille coréenne intervient quatre mois seulement après celle remportée à l’Open international de Moscou, confirmant une progression construite sans précipitation.
À Moscou déjà, l’athlète avait indiqué que la régularité, plus que la prouesse, constitue la clé d’une carrière durable. Ce credo, partagé avec ses élèves, trouve un écho particulier auprès des pratiquantes congolaises désireuses d’un espace sportif sécurisant et respectueux.
Des débats stratégiques à Séoul
Au-delà des combats, la délégation congolaise a pris part aux échanges du séminaire international consacré aux perspectives de développement des arts martiaux. Le dialogue portait sur la diffusion pédagogique, la mutualisation des formations et la place croissante des nouvelles technologies.
Selon les organisateurs, l’objectif était de créer des synergies sans opposer tradition et modernité. La contribution congolaise, saluée par plusieurs coachs asiatiques, a insisté sur l’inclusion, rappelant que l’apprentissage mixte favorise la cohésion sociale et limite les représentations stéréotypées du corps féminin.
Un symbole pour la jeunesse congolaise
La présence d’un cadre national sur une scène asiatique offre un repère tangible aux jeunes sportifs. Dans un contexte où les modèles positifs se raréfient, la médaille constitue une preuve empirique que la rigueur méthodique peut conduire à la reconnaissance internationale.
Des étudiantes rencontrées à Brazzaville expliquent que la trajectoire d’Edmond Narcisse Gantsie Dzia normalise l’ambition. « Il montre qu’une discipline née loin de chez nous peut devenir un outil d’émancipation locale », résume Mireille Kaboua, licenciée en sociologie, présente lors d’un entraînement public.
Regards d’experts sur les arts martiaux
Pour le sociologue sportif Jean-Thomas Mbemba, les arts martiaux participent à la construction de nouvelles citoyennetés en Afrique centrale. Ils inculquent une éthique de responsabilité qui peut se transposer dans la vie professionnelle et familiale, y compris dans la gestion des conflits.
La psychologue Lydie Oko estime pour sa part que la pratique du hapkido, axée sur la redirection de la force adverse, enseigne la maîtrise émotionnelle. Elle y voit un levier pertinent contre certaines violences de genre encore observées dans les espaces urbains.
Pour la maître coréenne Kim Eun-hee, présente à Séoul, le bronze congolais illustre l’universalité de la discipline. « Dans chaque pays, les principes restent identiques : respect, non-violence, recherche de l’équilibre », explique-t-elle, rappelant que force ne rime pas avec domination.
De son côté, la sociologue féministe Clarisse Mvoula insiste sur la dimension d’autodéfense. Selon elle, l’apprentissage des clés de hapkido peut renforcer la confiance corporelle des femmes et réduire les inhibitions culturelles liées à la protection de l’intégrité physique.
Un impact social mesuré
L’engouement suscité par cette médaille reste toutefois à consolider. Les infrastructures manquent et les clubs fonctionnent souvent grâce au bénévolat. Le succès individuel ne se transformera en dynamique collective que si des programmes de soutien pérennes sont progressivement inscrits dans les budgets.
Interrogé sur ce point, Edmond Narcisse Gantsie Dzia souligne la nécessité de partenariats public-privé. « Une salle correctement équipée représente un investissement durable, pas une dépense. Chaque coup de pied maîtrisé est un incident évité dans la rue », insiste-t-il, chiffres à l’appui.
Cap sur les prochains défis
La Fédération nationale prépare désormais la saison africaine. Plusieurs tournois sont envisagés afin de capitaliser sur la notoriété naissante. L’objectif déclaré est double : qualifier davantage d’athlètes et promouvoir une diplomatie sportive alignée sur les priorités nationales de rayonnement culturel.
En interne, la structure prévoit aussi d’élargir la formation des entraîneurs pour harmoniser les standards pédagogiques. Une attention particulière sera portée à la sensibilisation des familles, souvent réticentes à laisser leurs filles s’engager dans un sport perçu, à tort, comme violent.
Une dynamique à suivre
L’expérience coréenne rappelle que chaque succès à l’international ouvre une fenêtre d’apprentissage. Les contacts établis lors du séminaire fourniront des ressources méthodologiques utiles, de la gestion d’événements à la préparation physique spécifique aux catégories de poids lourds.
Surtout, la médaille bronze souligne l’importance des réseaux transnationaux. Les amitiés nouées avec les délégations américaine et française pourront se traduire par des stages croisés, gages d’un transfert de compétences que la communauté hapkido congolaise appelle de ses vœux.
En somme, la performance d’Edmond Narcisse Gantsie Dzia dépasse le simple fait sportif. Elle réaffirme la capacité des acteurs locaux à produire de la valeur symbolique. Reste à transformer cette valeur en opportunités concrètes pour l’ensemble des pratiquantes et pratiquants.