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Une visite bilatérale porteuse d’espoirs pour les femmes

Le vice-premier ministre belge, Maxime Prévot, a rencontré le président Denis Sassou Nguesso à Oyo le 18 août, dans une atmosphère de travail détendue. Au-delà des dossiers sécuritaires et économiques, les deux responsables ont longuement échangé sur l’égalité de genre et la protection des femmes.

La visite, inscrite dans une tournée africaine, offre une fenêtre stratégique pour renforcer les programmes bilatéraux déjà existants de lutte contre les violences basées sur le genre. Les équipes diplomatiques évoquent notamment un appui technique belge aux structures locales d’écoute, ainsi qu’une montée en puissance des formations mixtes.

La coopération Congo-Belgique, déjà dense

Depuis l’accord général de 1983, la coopération entre Brazzaville et Bruxelles couvre la santé, l’éducation et l’appui institutionnel. Selon la Direction de la coopération internationale, près de vingt-cinq projets actifs impliquent des organisations congolaises dirigées par des femmes, ciblant la prévention, le dépistage et la prise en charge psychologique.

Les partenaires belges valorisent le principe d’appropriation locale. Pour Élodie Van Camp, experte en développement à Bruxelles, l’approche conjointe « maximise l’impact car elle part des réalités communautaires ». La diplomatie congolaise souligne que ces synergies s’inscrivent dans le Plan national de développement 2022-2026.

Priorité partagée : lutte contre les violences faites aux femmes

Au Congo, une femme sur trois déclare avoir subi des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie, selon l’Enquête par grappes à indicateurs multiples de 2021. Le gouvernement a adopté une stratégie nationale de prévention, articulée autour de la justice, de la santé et de l’éducation.

L’entretien d’Oyo a permis d’identifier trois axes de coopération renforcée. D’abord, un soutien budgétaire pour étendre les unités spécialisées de la police et former des magistrats à l’écoute des victimes. Ensuite, l’équipement des centres de santé ruraux en kits médico-légaux pour documenter les agressions.

Enfin, les deux parties souhaitent élargir l’accès à la technologie. Un projet pilote d’application mobile, conçu par une start-up congolaise, devrait offrir un bouton d’alerte géolocalisé et des informations juridiques simplifiées. La Belgique apporterait une assistance en cybersécurité pour protéger la confidentialité des données personnelles.

Enjeux socio-économiques et autonomisation féminine

Le dialogue d’Oyo a également abordé l’autonomisation économique, considérée comme levier majeur de réduction des violences. La coopération s’articulera sur des micro-crédits à taux préférentiels pour les entrepreneures rurales, accompagnés d’un mentorat professionnel assuré par des chambres de commerce belges installées à Brazzaville et Pointe-Noire.

Selon le ministère congolais des PME, les projets précédents ont montré qu’une augmentation de 20 % du revenu domestique réduit de 13 % la probabilité de violence conjugale. Les autorités entendent doubler le nombre de bénéficiaires d’ici 2025, grâce à un co-financement public-privé en cours de finalisation.

Pour Ferouz Bouanga, sociologue de l’université Marien-Ngouabi, « la dimension économique reste sous-estimée. Un revenu stable procure indépendance et capacité à quitter un foyer dangereux ». Elle se félicite de la nouvelle enveloppe annoncée, tout en plaidant pour un suivi rigoureux des indicateurs d’impact social.

Voix de la société civile congolaise

Les associations féminines saluent la visibilité donnée à leurs préoccupations. Justine Bemba, coordinatrice d’une ONG à Makoua, souligne que « l’écoute présidentielle crée un signal positif jusqu’aux villages ». Elle rappelle néanmoins l’importance d’un financement pérenne pour les refuges temporaires accueillant femmes et enfants déplacés.

Du côté des défenseuses des droits, la priorité reste la diffusion du futur code pénal révisé, qui incrimine plus sévèrement les mutilations génitales féminines et le harcèlement numérique. Une campagne de sensibilisation multilingue, cofinancée par l’Union européenne, débutera en septembre sur les radios communautaires.

Afin de garantir la participation des jeunes, une plateforme en ligne recueillera témoignages et propositions, avec modération assurée par des juristes bénévoles. Les résultats seront remis aux autorités avant la prochaine session du Conseil national de la femme, prévue à Brazzaville en décembre.

Perspectives régionales

La rencontre d’Oyo intervient alors que la Communauté économique des États de l’Afrique centrale élabore une convention régionale sur la protection des femmes déplacées par les conflits. Brazzaville et Bruxelles pourraient fournir une expertise combinée pour harmoniser les normes juridiques et faciliter la mobilité transfrontalière des victimes.

Un atelier technique est annoncé à Libreville en octobre. Le ministère congolais des Affaires sociales souhaite y présenter l’expérience des brigades mixtes police-santé financées en partie par la Belgique. L’objectif est d’inciter d’autres États à adopter le modèle, jugé efficace par les agences onusiennes.

En définitive, la visite de Maxime Prévot ouvre une phase de coopération pragmatique, centrée sur la sécurité des femmes et leur épanouissement. Les prochains mois permettront d’évaluer la mise en œuvre et de vérifier si les promesses d’Oyo se traduisent en avancées tangibles.

Pour l’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes, la collaboration annoncée illustre la volonté politique de placer la femme au cœur du développement. L’institution prévoit la publication semestrielle d’un baromètre indépendant afin de mesurer la progression objective des indicateurs de sécurité et d’autonomie féminine durable.