Épidémie de choléra au Congo : état des lieux
Depuis la mi-août, plusieurs zones de la République du Congo sont confrontées à une recrudescence de cas de choléra, maladie hydrique aiguë qui menace particulièrement les quartiers périphériques de Brazzaville et certaines localités fluviales pauvres en infrastructures d’eau potable.
In its latest epidemiological bulletin, the Ministry of Health reports dozens of confirmed infections and activates a multisectoral response plan that emphasises surveillance, hygiene promotion and rapid case management, in accordance with international standards recommended by l’Organisation mondiale de la santé.
OMS et ministère de la Défense : alliance sanitaire
Pour renforcer cet effort, le nouveau représentant résident de l’OMS, le Dr Vincent Sodjinou, a présenté le 4 septembre au ministre de la Défense, Charles Richard Mondjo, les contours d’un partenariat logistique destiné à sécuriser l’acheminement des kits de traitement et la formation des équipes d’intervention.
Un Mémorandum d’entente, signé dès 2018 entre les deux institutions, prévoit la mise à disposition de véhicules tout-terrain, de bateaux sanitaires et de personnels médicaux militaires, ressources cruciales pour atteindre rapidement les villages enclavés et limiter la propagation le long du fleuve Congo.
Interrogé à l’issue de la rencontre, le Dr Sodjinou a insisté sur le « besoin de mobiliser toutes les forces vives afin d’obtenir un contrôle rapide de l’épidémie », rappelant que chaque jour gagné évite des complications sévères, notamment chez les nourrissons et les femmes enceintes.
Les forces armées, déjà aguerries aux opérations civilo-militaires lors des inondations de 2020, disposent de chaînes de commandement rapides qui permettent d’installer en moins de vingt-quatre heures des postes de réhydratation sous tente dans les zones où les structures civiles sont absentes.
Santé des femmes : vulnérabilités spécifiques
Les épidémies hydriques frappent disproportionnellement les femmes, souvent responsables de la collecte d’eau et de l’assainissement domestique ; cette exposition quotidienne augmente le risque d’infection et les charge mentalement d’une pression supplémentaire lorsqu’elles doivent également veiller au rétablissement des proches malades.
Dans les centres de santé de Talangai et Makélékélé, les sages-femmes soulignent que la déshydratation sévère liée au choléra complique les grossesses et accentue la mortalité néonatale, ce qui pourrait inverser les progrès réalisés ces dernières années grâce au Programme national de santé maternelle.
Le plaidoyer de l’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes insiste donc sur l’intégration systématique d’un budget sensible au genre dans la riposte, afin de financer des points d’eau sécurisés, des kits d’hygiène menstruelle et des campagnes d’information spécifiquement conçues pour les marchés féminins.
Logistique et formation : l’expertise sénégalaise
En marge du dossier sanitaire, le ministre Charles Richard Mondjo a reçu le diplomate sénégalais Ousmane Diop pour évaluer le suivi de la coopération militaire conclue à Dakar, qui inclut désormais un volet santé basé sur le partage d’expériences en gestion des ressources humaines et en médecine militaire.
Les armées sénégalaise et congolaise projettent des stages croisés où infirmiers spécialisés, logisticiens et officiers féminins pourront comparer leurs protocoles de prévention des maladies diarrhéiques en zone de déploiement, avant de répliquer les meilleures pratiques dans les garnisons de Pointe-Noire, Dolisie et Ouesso.
Cette ouverture Sud-Sud illustre la diplomatie pragmatique de Brazzaville, qui cherche à diversifier ses partenariats sans alourdir la dette publique, tout en bénéficiant de l’expertise d’un pays reconnu pour la qualité de son service médical des armées et son approche inclusive du recrutement féminin.
Mobilisation communautaire et leadership féminin
Dans les quartiers impactés, les associations de femmes leaders réactivent les réseaux communautaires hérités de la lutte contre la COVID-19 pour diffuser les gestes barrières, organiser des brigades de chloration des puits et identifier rapidement les personnes ayant besoin d’un transport sécurisé vers un centre de réhydratation.
La radio féminine Voix de la Maman diffuse plusieurs fois par jour un format participatif où des médecins répondent en lingala et en kituba aux questions sur la déshydratation, afin de toucher les mères illettrées souvent exclues des campagnes écrites.
Selon l’anthropologue Mireille Ngoma, « l’écoute active des femmes renforce la légitimité des messages de santé publique et réduit la méfiance », un atout majeur dans un contexte où les rumeurs sur l’origine du choléra circulent rapidement via les réseaux sociaux non modérés.
Vers une riposte inclusive et durable
À moyen terme, l’OMS recommande d’intégrer les indicateurs de genre dans le système national d’alerte épidémiologique, afin de mesurer en temps réel l’impact différencié des interventions et d’ajuster les allocations, notamment pour la construction de blocs sanitaires séparés dans les écoles rurales.
En combinant vigilance scientifique, mobilisation communautaire et coopération régionale, le Congo peut non seulement contenir l’épidémie actuelle, mais également poser les bases d’une politique sanitaire qui protège mieux ses citoyennes, véritable capital humain d’un développement durable voulu par les autorités et leurs partenaires internationaux.
Le financement durable demeure cependant un défi : selon le ministère des Finances, près de 60 % du budget de l’eau provient encore des bailleurs extérieurs. L’instauration d’un fonds national d’urgence, alimenté par des taxes sur les boissons sucrées, est actuellement à l’étude à Brazzaville.