Une session législative au pas de charge
La neuvième session ordinaire s’est déroulée dans un calendrier resserré. Trente-deux dossiers figuraient à l’ordre du jour, dont vingt-sept ont trouvé issue favorable. Cette cadence, saluée par le président Isidore Mvouba, illustre la volonté des députés d’apporter des réponses rapides aux attentes nationales.
Parmi les textes votés, la création d’hôpitaux généraux à Sibiti et Ouesso symbolise la priorité accordée à l’accès aux soins. L’inauguration prochaine de ces établissements par le chef de l’État devrait améliorer la couverture sanitaire, en particulier dans les départements jusque-là moins dotés.
L’exécutif sous vigilance parlementaire
« Marquer le gouvernement à la ceinture », a résumé Isidore Mvouba dans son allocution de clôture. L’expression, empruntée au lexique sportif, traduit la nécessité d’un contrôle ferme mais loyal. Le Parlement, selon lui, doit accompagner l’action gouvernementale tout en signalant les écarts éventuels.
Les élus sont ainsi invités à suivre l’exécution du budget, la trajectoire de la dette et la mise en œuvre des réformes macroéconomiques définies avec la CEMAC. Le contrôle parlementaire redevient un outil de transparence, condition essentielle pour maintenir la confiance des partenaires financiers et des citoyens.
Climat des affaires et coopération Turquie-Congo
La session a également entériné la convention fiscale liant Brazzaville et Ankara, signée le 14 novembre 2024. L’accord vise à éviter la double imposition et à créer un cadre stable pour les investisseurs. Les entreprises turques déjà présentes dans le BTP et l’énergie pourraient accroître leurs engagements, tandis que les PME congolaises bénéficieraient d’un régime fiscal clarifié.
En interne, les députés comptent surveiller l’application des réformes destinées à simplifier les procédures administratives. L’amélioration du classement Doing Business est souvent perçue comme un levier indirect pour la création d’emplois féminins, en particulier dans le commerce et les services.
Enjeux sociaux et égalité de genre
Au-delà des indicateurs économiques, plusieurs parlementaires ont insisté sur l’importance d’introduire une lecture genrée des politiques publiques. L’institutionnalisation du budget sensible au genre reste encore embryonnaire. Pourtant, certains signaux sont encourageants, à l’image de la formation de magistrats sur les violences basées sur le genre, financée dans le cadre du programme onusien Spotlight.
Les nouveaux hôpitaux généraux intégreront des unités spécialisées en santé maternelle. « La proximité des soins obstétricaux d’urgence pourrait réduire la mortalité maternelle de 20 % dans la Lékoumou », estime la gynécologue Francine Ngatsé, cheffe de service à l’hôpital de Dolisie. Pour les associations de femmes, cette avancée doit s’accompagner d’un plan de gratuité ciblée.
Sur le front législatif, l’Assemblée a enregistré deux propositions de loi déposées par des députées visant à criminaliser plus sévèrement le harcèlement sur lieux de travail. Le bureau promet de les inscrire à l’ordre du jour de la prochaine session. Le président Mvouba y voit « un signe de vitalité démocratique », sans opposer économie et social.
Perspectives et responsabilités partagées
La session achevée ouvre une phase de suivi. Les commissions permanentes devront produire des rapports d’évaluation, notamment sur l’exécution des dépenses santé et éducation. Un tel exercice, encore récent, ambitionne d’objectiver les débats et de nourrir la future loi de finances.
Observateurs et société civile attendent également la publication, dans les délais, des décrets d’application relatifs aux textes adoptés. Sans ces actes réglementaires, le bénéfice pour la population resterait théorique. Le ministère chargé des relations avec le Parlement assure que le calendrier est maîtrisé.
Isidore Mvouba conclut sur une note d’optimisme : « Notre responsabilité collective est de transformer le vote de la loi en amélioration concrète du quotidien des Congolais. » Pour les femmes, premières gestionnaires des foyers et souvent actrices économiques de proximité, le succès de ces réformes se mesurera à la stabilité des prix, à la disponibilité des soins et à la sécurité juridique au travail.
En inscrivant le contrôle gouvernemental au cœur de son agenda, l’Assemblée nationale renforce sa crédibilité institutionnelle. Cette dynamique, si elle se confirme, pourrait consolider l’État de droit et offrir un espace plus protecteur pour les droits des femmes, pilier d’un développement inclusif.