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Une décision attendue

En adoptant la suppression de l’article 34, les congressistes de la Fédération congolaise de handball ont acté, le 18 août 2025, la sortie définitive de la Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport. La décision, votée à l’unanimité, scelle une fracture devenue manifeste depuis plusieurs saisons.

Pour la Fécohand, la Ccas, pourtant censée apaiser les litiges, aurait fini par alimenter des polémiques internes et ralentir le calendrier des compétitions nationales. « Nous choisissons la clarté et la célérité », résume la présidente Linda Embendze Noumazalayi, qui dit vouloir concentrer les énergies sur le terrain.

Enjeux juridiques et institutionnels

Le retrait ne rompt pas toute chaîne de contrôle : la Fécohand maintient un double niveau de recours interne avant d’éventuellement saisir la Confédération africaine de handball puis la Fédération internationale. Cette option privilégie une gestion endogène des conflits, conforme aux recommandations émises lors des précédentes assemblées.

D’un point de vue sociologique, cet ajustement témoigne d’une volonté d’affirmation organisationnelle face aux instances nationales perçues comme distantes. Les chercheurs parlent de « recentrage institutionnel » : l’acteur sportif se dote de normes internes pour sécuriser sa gouvernance sans rompre avec les cadres juridiques étatiques existants.

Voix féminines dans le handball congolais

Au-delà du litige procédural, la question de la représentation féminine émerge. Les capitaines des équipes nationales féminines, consultées en marge du congrès, saluent une réforme « qui doit ouvrir davantage de places aux sportives dans les commissions disciplinaires ». Elles réclament aussi une formation continue aux modes alternatifs de règlement.

La sociologue Trésor Mbau, spécialiste des organisations sportives, note que « l’autonomie fédérale est une étape, l’inclusivité en est une autre ». Selon elle, la suppression de l’article 34 ne produira ses effets qu’à condition d’intégrer davantage de femmes juristes dans les nouvelles instances arbitrales envisagées par la Fédération.

L’engagement féminin s’inscrit d’ailleurs dans la dynamique impulsée par la politique nationale de promotion du sport pour tous. Les clubs urbains, notamment ceux de Talangaï et de Makélékélé, militent pour que chaque débat statutaire soit assorti d’indicateurs mesurables sur la participation des filles, des entraîneures et des dirigeantes.

Risque de fragmentation ou renouveau

Certains observateurs redoutent néanmoins une multiplication des juridictions parallèles, source potentielle de décisions contradictoires. L’historien du sport Alain Okissa rappelle que le football congolais avait connu, il y a dix ans, un épisode similaire ayant entraîné des suspensions de tournois régionaux par manque d’arbitres homologués.

La Fécohand écarte ce scénario. Son secrétaire général, Arnaud Boungou, assure que « le nouveau dispositif respecte le principe de subsidiarité ». Autrement dit, les litiges seront instruits d’abord au niveau des clubs, puis des ligues avant d’être tranchés par une chambre fédérale aux effectifs réduits mais spécialisés.

Le ministère des Sports, par la voix de Chaptellain Ngouama, se dit favorable à toute évolution statutaire qui améliore la fluidité des calendriers et la cohésion des compétitions. « L’État continuera d’accompagner les fédérations dans le respect de leur autonomie », a-t-il déclaré à l’issue du congrès devant la presse.

Perspectives pour la gouvernance inclusive

À court terme, le défi sera de produire des règlements internes alignés sur la Charte olympique et sur la réglementation de la CAHB tout en traduisant les spécificités locales. Les juristes fédéraux planchent sur une version préliminaire qui devrait être soumise aux clubs d’ici la fin d’année.

Plus largement, cette réforme interroge la capacité du mouvement sportif congolais à devenir un laboratoire d’égalité. Les sociologues estiment que le handball, discipline où les équipes féminines accumulent les titres sous-régionaux, pourrait servir de modèle pour d’autres fédérations en matière de leadership féminin et de gestion participative.

La Fécohand prévoit d’inscrire un quota minimum de 40 % de femmes dans ses organes décisionnels durant la prochaine olympiade. Ce chiffre, déjà pratiqué par certaines fédérations européennes, est présenté comme un outil transitoire destiné à accélérer la parité sans figer les carrières masculines existantes.

Des ateliers de sensibilisation sont annoncés dans les ligues départementales afin de diffuser les notions de médiation, d’éthique et de non-discrimination. « Le règlement ne suffira pas », reconnaît la capitaine des Diables rouges féminins, Christelle Mboulou. Elle insiste sur l’importance d’une pédagogie continue auprès des dirigeants et des supporters.

Les observateurs extérieurs louent la méthode graduelle adoptée par la présidence fédérale. Elle conjugue concertation, respect de la légalité et affirmation d’un cadre plus inclusif. Dans un environnement sportif africain souvent secoué par les litiges électoraux, l’expérience congolaise pourrait constituer un précédent utile pour les instances voisines.

À moyen terme, la sortie de la Ccas sera jugée sur un indicateur simple : la réduction effective des contentieux et le maintien d’un climat de confiance propice à la performance. Si l’objectif est atteint, le handball congolais prouvera qu’une gouvernance autonome, paritaire et apaisée demeure possible.

Déjà, la Fédération internationale de handball observe la démarche congolaise avec intérêt. Un missionnaire de l’IHF est attendu à Brazzaville pour accompagner la rédaction définitive des statuts. Selon nos informations, il s’agira principalement de s’assurer que les droits des athlètes, notamment des sportives, soient pleinement garantis.