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Un séjour présidentiel qui éclaire Oyo

Lorsque le président Denis Sassou Nguesso a choisi Oyo pour sa pause estivale, la cité riveraine de l’Alima s’est retrouvée sous les projecteurs nationaux. Au-delà de la portée protocolaire, cette halte a mis en lumière les dynamiques locales d’autonomisation féminine que l’Observatoire suit depuis 2019.

Le calendrier du chef de l’État, ponctué d’échanges diplomatiques, a inclus une visite des étangs piscicoles présidentiels. Cette vitrine agro-alimentaire a suscité l’intérêt des médias et des bailleurs pour les coopératives féminines qui, dans l’ombre, approvisionnent déjà les marchés de la Cuvette.

Les retombées sociales pour les femmes locales

La présence des délégations officielles a dopé la demande en hébergement, restauration et artisanat. Selon la mairie d’Oyo, 60 % des micro-contrats générés durant la semaine présidentielle ont été attribués à des unités dirigées par des femmes, une première dans la commune.

Odile Okemba, sociologue à l’Université Marien Ngouabi, observe « un effet d’entraînement psychologique : la réussite féminine est devenue visible, modifiant la perception du rôle économique des femmes dans le district ».

Agriculture vivrière et pisciculture : opportunités féminines

Le nord du Congo dispose d’un fort potentiel halieutique. Depuis 2020, le Programme d’appui à la micro-pisciculture, soutenu par le ministère de l’Agriculture et la FAO, forme majoritairement des veuves et des jeunes diplômées sans emploi. Plus de 1 200 femmes d’Oyo ont déjà été dotées d’alevins et de moulins.

La coopérative Mbolo na Maboko, fondée par huit agricultrices, revendique une production mensuelle de deux tonnes de tilapia. Sa présidente, Philomène Gondzia, estime que « chaque bassin est un pas de plus vers l’indépendance financière et la sécurité alimentaire des foyers ».

Entrepreneuriat féminin soutenu par l’État et les partenaires

Le gouvernement a lancé en mars dernier le Fonds national pour l’inclusion financière, abondé par la Banque de développement des États d’Afrique centrale. Sur les 3 000 micro-crédits accordés, 68 % ont bénéficié à des femmes, principalement à Brazzaville et dans la Cuvette.

Pour l’économiste Jean-Bruno Ikouebé, ce ratio matérialise « la volonté de l’exécutif de placer les Congolaises au cœur de la relance post-pandémie, conformément aux orientations du Plan national de développement ».

Témoignages de terrain

Marie-Josiane Ngamou, mère de quatre enfants, raconte avoir transformé son étal de légumes en un kiosque serti de congélateurs grâce à un prêt de 500 000 FCFA. Ses ventes journalières ont doublé. « Je n’avais jamais imaginé vendre du poisson de mes propres bassins. »

De son côté, Safiatou Yondo, couturière, profite de l’afflux touristique occasionné par les audiences présidentielles pour commercialiser des masques en pagne. « Les visiteurs étrangers sont friands de motifs locaux ; cette vitrine a changé mon trimestre », explique-t-elle, carnet de commandes en main.

Perspectives régionales et obligations juridiques

Au niveau de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, le Congo a ratifié le Protocole de Maputo. La Direction générale de la promotion de la femme intègre désormais des indicateurs sexués dans chaque projet financé par le budget de l’État.

La juriste Clarisse Loufoua rappelle que « l’effectivité d’un droit se mesure à sa justiciabilité ». Elle plaide pour que les tribunaux de proximité d’Oyo soient dotés de cellules d’écoute dédiées aux femmes entrepreneurs confrontées à des litiges commerciaux ou familiaux.

Vers une gouvernance inclusive

La municipalité d’Oyo s’engage à réserver 30 % des marchés publics aux entreprises dirigées par des femmes d’ici 2026. Cet objectif, inscrit au registre des délibérations communales, sera évalué chaque semestre en collaboration avec l’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes.

Pour conclure, la semaine présidentielle a agi comme un catalyseur. En exposant les succès productifs locaux, elle a ouvert une fenêtre d’opportunités. Reste à consolider ces gains par la formation continue, l’accès au financement et une gouvernance attentive aux inégalités persistantes, afin de traduire l’élan médiatique en avancées structurelles.