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Un forum post-bac sans précédent à Pointe-Noire

Du 4 au 7 août 2025, la salle polyvalente de l’Institut Français de Pointe-Noire a vibré au rythme de la quatrième édition du Gala des bacheliers, un forum pensé par l’agence Kimia Event Team pour guider les néo-diplômés vers des études supérieures cohérentes.

Près de trois cents élèves issus des lycées généraux et techniques de la ville côtière ont arpenté les allées des stands, à l’affût de conseils pratiques, de retours d’expérience et d’offres de bourses capables d’alléger la charge financière pesant sur leurs familles.

Au cœur de cette effervescence, Africa Global Logistics et sa filiale Congo Terminal, concessionnaire du port de Pointe-Noire, ont présenté leur univers logistique et rappelé que le corridor atlantique constituait une véritable colonne vertébrale pour l’économie et l’intégration régionale.

Orientation éclairée : l’enjeu majeur pour les jeunes filles

Dans un contexte national où seulement 34 % des filles choisissent une filière scientifique après le bac selon le ministère de l’Enseignement supérieur, l’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes voit dans le forum un levier pour démocratiser l’information et réduire les déterminismes de genre.

« Nous encourageons les jeunes diplômées à explorer des domaines réputés masculins, car la logistique, l’ingénierie ou la cybersécurité recèlent des postes de pouvoir qui influencent aussi les normes sociales », explique Anabelle Kodia, sociologue affiliée à l’Université Marien Ngouabi, venue animer un atelier.

Les intervenants ont insisté sur la construction d’un projet académique fondé sur les compétences, mais également sur la confiance en soi, dimension essentielle pour les adolescentes souvent freinées par l’autocensure.

Les métiers portuaires, une filière qui recrute

Le panel dédié aux métiers portuaires a mis en lumière l’étendue des professions possibles, depuis l’ingénierie navale jusqu’à la gestion des flux informatisés, en passant par la maintenance des grues et le pilotage environnemental des bassins.

Selon Paris Bidjang, directeur des ressources humaines d’AGL Congo, le secteur génère plus de deux mille emplois directs et indirects dans la ville, avec un besoin croissant d’opérateurs qualifiés, d’analystes de données et de responsables sûreté sensibles aux enjeux de genre.

« Permettre aux jeunes de découvrir nos métiers, c’est leur ouvrir la voie vers des carrières ambitieuses et pleines d’avenir », a-t-il indiqué, soulignant que la féminisation des effectifs constitue un axe stratégique conforme aux priorités des Objectifs de développement durable.

Des bourses d’excellence pour briser les plafonds de verre

Moment attendu du forum, la remise des bourses d’excellence a récompensé huit lauréats, dont cinq jeunes femmes issues de quartiers périphériques, désormais admises dans des universités partenaires au Maroc et à Brazzaville.

Les dotations couvrent cinquante pour cent des frais, le reste pouvant être complété par des dispositifs étatiques ou des micro-crédits solidaires, solution jugée efficace par la Banque mondiale pour éviter l’endettement excessif des ménages urbains.

Pour Colette Mampouya, lauréate en série C, cette aide conditionne directement sa capacité à intégrer une licence en génie civil, domaine où les femmes ne représentent encore que 8 % des effectifs nationaux.

Un engagement sociétal salué par les acteurs locaux

Au-delà de la vitrine pédagogique, la présence d’AGL et de Congo Terminal s’inscrit dans une logique de responsabilité sociétale d’entreprise, un concept désormais encadré par le décret de janvier 2024 fixant les obligations de reporting extra-financier pour les sociétés à capitaux publics.

L’entreprise soutient déjà des projets d’alphabétisation féminine à Loango et un programme de mentorat en STEM avec l’Association des Femmes Ingénieures du Congo, confirmant un positionnement orienté vers l’autonomisation économique des populations vulnérables.

Pour la mairie de Pointe-Noire, partenaire logistique de l’événement, ce type d’initiative constitue un exemple de coalition positive entre secteur public et privé, susceptible de contribuer à l’atteinte de l’objectif national d’un taux de scolarisation féminine de 95 % d’ici 2030.

Vers une dynamique inclusive et durable

Au-delà de l’euphorie collective, des défis subsistent, notamment la nécessité de multiplier les accompagnements psychologiques pour les jeunes femmes confrontées à des violences basées sur le genre qui peuvent freiner la poursuite de leurs études.

L’Observatoire appelle ainsi les organisations participantes à inclure des modules de prévention et de signalement au sein même des programmes de bourses, afin de sécuriser le parcours académique et social des bénéficiaires.

Des collaborations sont déjà envisagées avec la plate-forme téléphonique 1455 dédiée aux urgences sociales, pour assurer un relais rapide entre le campus et les services de protection, annonce une source au ministère des Affaires sociales.

À l’issue de la manifestation, Kimia Event Team a annoncé que la prochaine édition élargira son périmètre aux lycées agricoles de Dolisie et lancera un incubateur de projets féminins, signe que l’événement veut capitaliser sur l’élan inclusif amorcé cette année.

En conjuguant orientation académique, ouverture professionnelle et soutien financier, le Gala des bacheliers confirme sa place de passerelle stratégique pour la jeunesse congolaise et, plus encore, pour celles qui aspirent à devenir les experts et décideurs d’une économie portuaire en mutation.