Owando, épicentre d’une nomination stratégique
Quand, le 30 août, Owando a accueilli la quatrième session ordinaire du conseil fédéral PCT-Cuvette, l’installation officielle de Rigobert Maboundou comme commissaire politique a résonné bien au-delà des murs du siège fédéral, tant le département demeure un baromètre de la vie politique congolaise.
Au centre de cette dynamique, le secrétaire général du Parti congolais du travail, Pierre Moussa, a rappelé que la Cuvette, bastion historique, doit illustrer discipline, engagement et résultats afin de porter le parti vers son sixième congrès et les échéances présidentielles de 2026.
Assistance, formation, mobilisation : un triptyque fédérateur
Devant les cadres et militants, Maboundou a situé son action sur trois axes clairs : assistance, formation et mobilisation. Ce triptyque, déjà éprouvé par les précédentes campagnes d’adhésion, ambitionne de consolider l’enracinement local tout en tenant compte des réalités spécifiques du territoire.
Il a souligné l’importance d’une écoute attentive des préoccupations économiques, sociales et culturelles, notamment celles des femmes, dont les revendications en matière d’autonomie financière et d’accès à la décision demeurent centrales pour la cohésion départementale.
Le commissaire politique a également précisé qu’il ne chercherait ni à se substituer à la fédération ni à entraver le travail des élus, mais à travailler dans un esprit de dialogue afin de maintenir la flamme militante et répondre concrètement aux attentes citoyennes.
Femmes de la Cuvette : attentes et signaux d’ouverture
Pour l’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes, la mention explicite de la catégorie féminine dans la feuille de route est un signal positif ; elle ouvre une fenêtre sur la possibilité d’initiatives ciblées visant la sécurisation et l’émancipation des Congolaises de la Cuvette.
Selon plusieurs responsables locaux interrogés sur place, les femmes représentent déjà plus de la moitié des sympathisants actifs lors des réunions de cellule. Leur investissement dans les comités de base est donc perçu comme un levier stratégique pour atteindre les objectifs fixés par le secrétariat général.
À Owando, Pierre Moussa a insisté sur le caractère exemplaire que doit conserver le département, riche en potentialités agricoles et forestières. Il a invité la nouvelle équipe à élaborer des plans d’action mobilisateurs, associés à des indicateurs mesurables, afin d’anticiper les rendez-vous internes de 2025.
Veille politique et cohésion : les nouveaux défis
Le commissaire politique, décrit par ses pairs comme une « vigie » attentive, devra aussi assurer une veille permanente du climat local. Cet ancrage lui permettra d’identifier à temps les tensions susceptibles d’affecter la participation féminine et la cohésion intergénérationnelle, critères désormais suivis par l’Observatoire.
En retour, les organes de base attendent un soutien concret en matière de formation politique. Des sessions dédiées aux droits des femmes, à la prévention des violences domestiques et à la gestion des campagnes électorales inclusive figurent déjà parmi les demandes remises au bureau du commissaire.
Si la ligne officielle du PCT réaffirme la place essentielle des militants, la question du leadership féminin demeure, elle, en construction. La nomination de Maboundou est donc observée comme un test sur la capacité du parti à décloisonner les instances de décision encore majoritairement masculines.
Contactée à l’issue de la session, la sociologue Élise Itoua estime que « le simple rappel des besoins des femmes dans un discours politique peut accroître la légitimité d’un leader à condition d’être suivi d’actions tangibles ». Son analyse rejoint les attentes exprimées dans plusieurs quartiers d’Owando.
Perspectives électorales et gouvernance inclusive
Dans les rangs militants, quelques voix rappellent que la mobilisation passe d’abord par l’amélioration des conditions de vie. Les défis économiques, aggravés par la pandémie récente, touchent en premier lieu les vendeuses de marché et les agricultrices, dont la résilience est pourtant cruciale pour la Cuvette.
Le plan d’action annoncé par le commissaire devrait donc intégrer des modules de micro-crédit, d’accompagnement des coopératives et de soutien juridique. Dans cette perspective, plusieurs associations féminines se disent prêtes à collaborer pour fournir des données fiables sur les besoins prioritaires des ménages.
À plus long terme, le parti entend positionner la Cuvette comme laboratoire d’une gouvernance de proximité. La tenue prochaine du congrès fédéral sera l’occasion d’évaluer la progression des indicateurs liés à la participation féminine, comme le nombre de déléguées et la prise de parole en plénière.
L’horizon 2026 et l’élection présidentielle apparaissent déjà en toile de fond. Pour la direction nationale, chaque département doit contribuer à une campagne marquée par l’inclusivité ; dans la Cuvette, cette ambition est désormais incarnée par la feuille de route de Maboundou et l’accompagnement du conseil fédéral.
À Owando, les applaudissements ayant salué l’installation du commissaire reflètent l’espoir d’un renouveau pragmatique. Si l’équation complexe des attentes économiques et de la promotion féminine trouve des réponses cohérentes, la Cuvette pourrait confirmer son statut de modèle, attendu par la direction du PCT et ses sympathisantes.
Les prochains mois offriront donc un champ d’observation privilégié pour mesurer l’impact concret des engagements pris, notamment sur la représentation des femmes aux postes stratégiques.