Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Nouvelle licence offshore de TotalEnergies

TotalEnergies vient d’obtenir le permis marine F, situé dans la zone de Nzombo, au large de la République du Congo. L’opération renforce la présence du groupe français autour du champ Moho, déjà productif, et confirme l’intérêt international pour le bassin congolais.

La signature a été annoncée conjointement par la compagnie et le Ministère des Hydrocarbures, qui met en avant “une nouvelle phase de valorisation durable des ressources nationales”. Le permis couvre plus de sept cents kilomètres carrés, avec des profondeurs d’eau dépassant parfois deux mille mètres.

Enjeux économiques pour la République du Congo

Les autorités rappellent que le secteur pétrolier représente près de 40 % du PIB et la quasi-totalité des exportations du Congo. Tout projet capable de stabiliser la production, dans un marché mondial fluctuant, constitue donc un enjeu macro-économique et budgétaire de premier ordre.

Selon TotalEnergies, l’enveloppe de travaux initiaux pourrait atteindre un milliard de dollars, essentiellement pour des études sismiques et un à trois puits d’exploration. Des fournisseurs congolais seront sollicités, conformément au contenu local exigé par la législation adoptée en 2016.

Retombées attendues pour l’emploi féminin local

Dans les communes littorales, les femmes représentent plus de 60 % des travailleurs du secteur informel lié au pétrole, qu’il s’agisse de restauration, de vente de matériel ou de services de nettoyage. Une augmentation d’activité peut donc créer des débouchés, si les contrats intègrent l’entrepreneuriat féminin.

La Chambre de commerce de Pointe-Noire estime que chaque milliard investi offshore génère jusqu’à deux mille emplois indirects. Cependant, seuls 18 % sont actuellement occupés par des femmes, faute de formations adaptées aux normes techniques de l’industrie. Le nouvel appel d’offres peut inverser cette tendance.

Risques environnementaux et normes sociales

Les ONG environnementales rappellent que le bassin présente des écosystèmes fragiles, importants pour la pêche artisanale où les femmes jouent un rôle prépondérant. Une pollution accidentelle toucherait d’abord les transformatrices de poisson, dont le revenu quotidien dépend directement de la qualité des eaux côtières.

Pour réduire ces risques, TotalEnergies assure appliquer un référentiel de meilleures pratiques, incluant des études d’impact social et un plan d’intervention d’urgence. Le ministère en charge de l’Environnement a indiqué que des inspections trimestrielles seront menées avec la société civile pour garantir la transparence.

Voix de femmes de Pointe-Noire et de Nzombo

À Nzombo, Élise Bati, présidente d’une coopérative maricole, espère “un dialogue permanent avec les ingénieurs afin de protéger nos zones de ponte”. Elle souligne que les discussions préalables doivent être tenues dans les langues locales, faute de quoi certaines cheffes de village restent exclues.

De son côté, Mireille Bouanga, technicienne laboratoire chez un sous-traitant, rappelle que les premières vagues de recrutement en 2001 sur Moho “avaient laissé beaucoup de femmes sur le côté”. Elle se dit disponible pour parrainer les jeunes diplômées en chimie ou en géologie.

Initiatives publiques et partenaires privés

Le gouvernement a récemment actualisé le Plan national genre et énergie, qui encourage les partenaires privés à réserver 30 % des postes non manuels aux femmes. TotalEnergies a signé une lettre d’intention, sans fixer encore de jalon contraignant, mais l’initiative constitue un précédent salué par les syndicats.

Le rôle de la formation professionnelle

Les écoles techniques Marie-Reine et Don Bosco, partenaires de longue date de la société, préparent déjà des modules dédiés à la maintenance sous-marine et à la logistique portuaire. L’objectif est de former quarante pour cent de filles sur les nouvelles cohortes, contre vingt-deux pour cent aujourd’hui.

Un fonds de bourses, alimenté par TotalEnergies à hauteur de trois millions de dollars, couvrira les frais de scolarité, l’équipement de sécurité et un stage rémunéré. Les bénéficiaires seront sélectionnées par un comité mixte incluant l’Université Marien-Ngouabi et des organisations de défense des droits des femmes.

Vers un partage équitable des bénéfices

Sur le plan fiscal, la convention prévoit une clause de développement communautaire équivalente à un pour cent des dépenses d’exploration. Les ONG souhaitent que cette enveloppe finance prioritairement l’accès à l’eau potable, la santé maternelle et des micro-crédits pour les coopératives féminines.

Le ministère des Affaires sociales, pour sa part, prépare un décret d’application fixant les modalités de gestion du fonds. Des ateliers régionaux seront organisés à Pointe-Noire, Loango et Madingo-Kayes afin de recueillir des propositions directes des associations de femmes.

Observatoire national: recommandations

L’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes recommande d’inclure un indicateur sur la prévention du harcèlement en milieu industriel. Un numéro vert, géré par le ministère du Genre, pourrait être affiché sur tous les sites de TotalEnergies afin de collecter d’éventuels signalements.

Un chantier révélateur des enjeux de genre

Le projet offshore apparaît ainsi comme un laboratoire grandeur nature où se croisent impératifs économiques, transition énergétique et égalité de genre. “Nous devons veiller à ce que les dividendes sociaux ne soient pas théoriques”, résume le sociologue André Nsoni, spécialiste des industries extractives.

À moyen terme, les communautés attendent que les promesses se traduisent par des emplois pérennes et des services de base renforcés. L’évolution du contenu local, l’efficacité des mécanismes de contrôle et la mobilisation des femmes elles-mêmes seront les clés d’un partage réellement inclusif.