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Nouvelle dynamique portuaire à Pointe-Noire

La mise à l’eau d’une drague CSD le 20 août 2025 sur le chantier du Môle Est consacre une avancée stratégique pour le port de Pointe-Noire.

Selon la société concessionnaire, cette étape ouvre la voie à une capacité d’accueil accrue des navires, élément cardinal pour consolider le rôle de hub sous-régional du pays.

Emploi féminin : potentiel et obstacles

Le secteur portuaire attire historiquement une main-d’œuvre masculine, mais les besoins techniques et administratifs générés par l’extension créent de nouveaux espaces professionnels où les femmes peuvent s’affirmer.

D’après les estimations du ministère du Travail, la future plateforme pourra mobiliser plus de 2 000 emplois indirects, dont près de 30 % pourraient, sous condition de formation, revenir à des travailleuses locales.

Chaîne logistique et inclusion sociale

La logistique portuaire ne se limite pas aux quais ; elle irrigue les transports urbains, la manutention, la restauration et les services financiers, secteurs où les femmes congolaises sont déjà fortement représentées.

Les syndicats observent que l’arrivée d’équipements de pointe nécessite des opératrices capables de gérer la documentation numérique, la traçabilité des conteneurs et le contrôle qualité, trois segments en pleine mutation.

Cadre juridique congolais favorable

La République du Congo a ratifié en 2012 la Convention 190 de l’OIT sur la violence et le harcèlement au travail, offrant un socle protecteur pour toute nouvelle recrue féminine.

L’article 36 du Code du Travail interdit toute discrimination salariale fondée sur le genre, un point régulièrement rappelé par la direction de Congo Terminal lors des campagnes de sensibilisation internes.

Voix de terrain et témoignages

« Je prépare un certificat de grutière afin de postuler dès l’ouverture des postes », confie Josiane Mabiala, 27 ans, rencontrée dans un centre de formation financé par la Chambre de commerce.

Pour Davina Mavoungou, sociologue à l’Université Marien Ngouabi, l’appropriation des nouveaux métiers portuaires par les femmes « reste conditionnée à la continuité des bourses et à la sécurité des transports nocturnes ».

Perspectives régionales

Une étude de la CEMAC montre qu’une augmentation de 10 % du volume de marchandises traitées à Pointe-Noire pourrait générer 5 000 emplois supplémentaires le long du corridor ferroviaire, dont un tiers potentiellement féminins.

Cette perspective est jugée compatible avec la Stratégie nationale de développement 2022-2026, qui vise l’élargissement du marché intérieur par le renforcement des compétences locales.

Renforcement des capacités locales

Le ministère de la Promotion de la Femme et de l’Intégration féminine pilote actuellement un programme de mentorship destiné à 500 diplômées techniques issues de la ville océane.

Les modules portent sur la gestion des chaînes d’approvisionnement, la maintenance industrielle et la cybersécurité portuaire, compétences identifiées comme prioritaires par l’Organisation maritime internationale.

Enjeux environnementaux et santé

La mise à l’eau de la drague CSD s’accompagne d’un plan de management environnemental axé sur la réduction des émissions sonores, important pour les communautés riveraines où vivent de nombreuses vendeuses de poissons.

Le service de santé portuaire promet un dépistage gratuit de la silicose et des formations sur les équipements individuels, incluant des tailles adaptables aux travailleuses.

Vers une autonomisation durable

La valorisation des retombées économiques du Môle Est pour les femmes suppose la formalisation des emplois informels qui gravitent autour du port, selon le Centre d’analyse et de prospective sociale.

La Banque mondiale souligne qu’une politique de passation de marchés incluant des critères de genre peut accroître de 15 % le revenu moyen des ménages dirigés par des femmes.

Pour l’instant, Congo Terminal, filiale du groupe Bolloré-MSC, assure que 28 % de ses cadres sont des femmes et que l’objectif de parité à 40 % sera atteint avant 2030.

Si cette trajectoire se confirme, elle deviendra un levier concret pour l’autonomisation, tout en consolidant les performances logistiques nationales.

Appui institutionnel et partenariats

La Banque africaine de développement, déjà engagée dans l’amélioration de la route RN1, étudie un guichet spécifique destiné aux PME féminines susceptibles de fournir des services d’avitaillement, de nettoyage et de catering aux navires.

En parallèle, l’Agence française de développement finance une étude de faisabilité sur la création d’une crèche inter-entreprises près du port, afin de concilier parentalité et horaires décalés.

Culture maritime et représentation symbolique

Dans la culture populaire congolaise, la mer reste un espace masculinisé ; la nomination récente d’une femme pilote au sein de la Capitainerie constitue donc un signal fort, salué sur les réseaux sociaux.

Les organisations de la société civile plaident pour que les actions de communication autour du Môle Est incluent des portraits de professionnelles, afin de casser les stéréotypes et d’inciter les jeunes filles à envisager des carrières maritimes.

Le ministère de la Culture envisage, pour 2026, un festival maritime où seront présentées des œuvres d’artistes femmes traitant des rapports entre fleuve, océan et identité, pour renforcer l’appropriation collective du projet portuaire.