Un journaliste qui entre en politique
Samedi 16 août, au centre culturel Zola de Moungali, le journaliste Alexis Bongo a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle de mars 2026. Figure médiatique de DRTV, l’animateur d’« Homéosthasie » promet de porter un discours panafricaniste et inclusif devant les électeurs.
Ancien candidat renonçant en 2016, il revient après « une longue période de réflexion » avec un programme intitulé « Le Congo nouveau ». Son ambition, a-t-il précisé, est d’ouvrir « un cycle de renouveau démocratique » tout en respectant le cadre institutionnel établi.
Un projet de société axé sur la jeunesse
Axé sur la jeunesse, le projet de société mise sur la formation professionnelle, la transition numérique et la promotion de l’entrepreneuriat rural. Alexis Bongo estime que « la génération éveillée » peut devenir le moteur d’une croissance inclusive, capable de réduire les inégalités territoriales.
L’aspirant à la magistrature suprême annonce qu’il parcourra les quinze départements afin d’expliquer, à travers des débats participatifs, comment financer ces priorités. Il table sur une mobilisation citoyenne, notamment via les réseaux sociaux, pour collecter la caution de 25 millions de francs CFA.
Impacts attendus sur les droits des femmes
Interrogé sur les questions de genre, le candidat assure vouloir « inscrire la protection des femmes au cœur de chaque ministère ». Il évoque une loi-cadre contre les violences, des subventions pour les centres d’écoute et un quota de 40 % de femmes dans son futur gouvernement.
Ces engagements rejoignent les recommandations formulées en juin par plusieurs ONG nationales, dont notre Observatoire, qui appelaient à consolider les efforts initiés par les autorités pour réduire un taux de prévalence de violences conjugales encore évalué à 43 % selon l’enquête EDSC-II.
La dynamique électorale et la parité
Le Congo-Brazzaville a inscrit la parité dans la Constitution de 2015, mais la représentation féminine reste limitée, avec 19 % de femmes à l’Assemblée nationale. Dans ce contexte, chaque candidature est scrutée sous l’angle de sa capacité à traduire la norme en pratique.
Les premiers comités de soutien d’Alexis Bongo annoncent vouloir présenter des listes locales composées d’au moins 50 % de femmes pour les scrutins législatifs concomitants. Cette stratégie pourrait inciter d’autres formations à rehausser leurs propres standards en matière d’inclusion politique.
Pour l’instant, aucune femme ne s’est officiellement déclarée candidate à la présidentielle de 2026. Plusieurs voix, dont celles de la sénatrice Brigitte Ibara, plaident pour une « coalition féminine » capable de peser dans le débat programmatique et d’éviter une campagne exclusivement masculine.
La voix des organisations féminines
Dans la salle de conférence, la Plateforme des jeunes femmes leaders a interpellé le candidat sur la budgétisation sensible au genre. « Nous saluons vos intentions, mais voulons des lignes claires dans la loi de finances », a expliqué sa coordinatrice, Mireille Loufoua, à l’issue de l’échange.
Le Réseau des mamans maraîchères de Mfilou, présent via une délégation, a quant à lui insisté sur l’accès au microcrédit comme levier d’autonomisation. Leurs doléances rejoignent le plan national de développement 2022-2026, qui prévoit déjà un fonds d’appui spécifique géré par le ministère de l’Économie.
Enjeux économiques et sociaux
Les économistes interrogés rappellent que le pays sort d’une phase de consolidation budgétaire saluée par les partenaires internationaux. Pour éviter l’effet d’annonce, ils attendent des chiffrages précis sur la diversification hors pétrole, la valorisation de l’agriculture familiale et la fiscalité incitative aux PME.
Sur le front social, le programme évoque un système de couverture santé universelle et la généralisation des bourses de maintien scolaire pour les filles jusqu’à 18 ans. Ces mesures prolongeraient les actions gouvernementales récentes, telles que le déploiement du programme Santé Mère-Enfant dans les zones rurales.
Perspectives pour 2026
À sept mois de l’ouverture officielle de la campagne, le champ politique se structure progressivement. Les déclarations d’intention, y compris celle d’Alexis Bongo, contribuent à alimenter un débat public où l’exigence de transparence et d’inclusion apparaît comme un dénominateur commun.
Le Conseil constitutionnel publiera en janvier la liste définitive des candidats, à l’issue des dépôts de parrainages. Cette étape sera déterminante pour mesurer la place accordée aux femmes, tant sur les bulletins que dans les directions de campagne.
Des observateurs internationaux ont déjà manifesté leur intérêt pour accompagner le scrutin, à l’image de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale. Leur présence pourrait renforcer la confiance, notamment sur la conformité des procédures au Protocole de Maputo sur les droits des femmes.
D’ici là, les organisations de la société civile entendent maintenir la pression pour que chaque programme détaille son volet égalité. Si la candidature d’Alexis Bongo suscite un intérêt manifeste, elle sera jugée, comme les autres, sur la capacité à traduire les promesses en politiques publiques effectives.