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Arrestations et condamnations 2025

Depuis janvier 2025, la gendarmerie nationale et les agents des eaux et forêts ont interpellé neuf personnes suspectées de trafic d’espèces intégralement protégées. Les opérations ont été menées à Dolisie, Owando et Impfondo, trois carrefours commerciaux où la pression sur la faune reste forte.

Dans quatre affaires distinctes, les prévenus ont été saisis en flagrant délit de détention, de circulation ou de tentative de vente de peaux de panthère, d’écailles de pangolin géant et d’ivoires d’éléphant. Huit d’entre eux ont déjà été placés en détention préventive.

Cinq condamnations fermes ont été prononcées à ce jour, confirmant la ligne de tolérance zéro déjà affichée par les tribunaux en 2024. « La récidive recule visiblement », souligne un magistrat du siège, qui observe une baisse du nombre de dossiers ouverts pour les mêmes chefs.

Synergie forces publiques et société civile

Les descentes ont été coordonnées avec le Projet d’appui à l’application de la loi sur la faune sauvage, mieux connu sous l’acronyme PALF. L’ONG fournit une expertise technique, des moyens logistiques et une formation continue aux unités d’enquête, dans le strict respect du mandat régalien de l’État.

La presse locale relaie systématiquement les audiences correctionnelles, contribuant à une diffusion rapide des peines prononcées et à un effet dissuasif probant. Des émissions radiophoniques en langue nationale resituent régulièrement la dimension culturelle du pangolin, du panthère et de l’éléphant dans l’imaginaire congolais.

Plusieurs leaders communautaires, dont des femmes commerçantes de marché, ont été associés aux campagnes d’information. « La protection de la faune rejoint notre lutte pour la gestion durable des ressources qui nourrissent nos familles », insiste Mama Awa, présidente d’une coopérative de transformateurs d’atanga à Dolisie.

Portée juridique de la loi 37-2008

Votée en 2008, la loi sur la faune et les aires protégées classe plusieurs espèces au rang d’intégralement protégées, interdisant toute exploitation commerciale. Sa portée a été renforcée par des circulaires de 2021 harmonisant la chaîne de garde à vue et la saisie des trophées.

Les nouvelles peines, qui peuvent atteindre cinq ans d’emprisonnement et dix millions de francs CFA d’amende, sont désormais systématiquement requises par le parquet lorsque l’infraction implique un éléphant ou un pangolin géant, deux espèces menacées au niveau mondial selon l’UICN.

Pour le colonel Binga du ministère de l’Économie forestière, « la loi n’est crédible que si chaque maillon la fait respecter ». Ses équipes ont accru les contrôles routiers sur les axes Obouya-Ouesso et Pointe-Noire-Dolisie, où les saisies d’écailles transitaient fréquemment avant 2023.

Effets socio-économiques et genre

Le commerce illégal d’ivoire priverait l’économie villageoise de plus de 600 millions de francs CFA par an, selon une étude conjointe CIRAD-Université Marien-Ngouabi. Les pertes concernent la chasse de subsistance, le tourisme cynégétique encadré et l’image du pays auprès des investisseurs éco-responsables.

Les femmes représentent 70 % des activités de transformation primaire du gibier légal. Lorsque le braconnage fait chuter les volumes disponibles, leur revenu décline mécaniquement. « Nous encourageons la diversification vers l’agroforesterie plutôt que l’exploitation d’espèces en danger », recommande Gisèle Koumba, sociologue du développement.

Des ateliers financés par le Programme des Nations unies pour le développement forment actuellement cent cinquante femmes de la Likouala à la conservation communautaire. Les bénéficiaires apprennent la surveillance participative des couloirs d’éléphants et la transformation de produits forestiers non ligneux à forte valeur ajoutée, comme le miel.

Implication continue de la justice

La chancellerie suit chaque dossier du premier signalement jusqu’à l’exécution des peines. Un tableau de bord numérique mis en service en mars permet de suivre l’état des procédures, évitant les lenteurs naguère signalées par certaines ONG de suivi judiciaire.

Le procureur général a récemment rappelé que la restitution des sacs d’écailles ou des défenses saisies était proscrite. Cette directive clarifie les marges de manœuvre des magistrats et limite le risque de voir le produit du crime retourner sur le marché noir.

Les avocats de la défense plaident souvent le manque d’alternatives économiques. Toutefois, la juridiction préfère désormais assortir la peine d’une obligation de suivi socio-professionnel, via les services de réinsertion, afin que les condamnés puissent s’orienter vers des chaînes légales de valeur.

Perspectives et défis 2026

Dans son plan de travail budgétisé 2026, le ministère prévoit la création de trois unités mixtes de surveillance aérienne dédiées aux parcs nationaux d’Odzala, de Nouabalé-Ndoki et de Conkouati-Douli. Ces équipements devraient réduire le temps de réaction lors des alertes satellite.

Le PALF, pour sa part, anticipe un déplacement des circuits de contrebande vers les frontières fluviales. Le suivi des flux sur l’axe Congo-Centrafrique sera donc renforcé, en coopération avec les brigades féminines de surveillance déjà opérationnelles à Betou et Dongou.

La société civile, les médias et les autorités entendent ainsi consolider un cadre où la biodiversité constitue un capital commun et pérenne. Cette vision, régulièrement réaffirmée dans les discours officiels, s’inscrit dans les engagements internationaux du Congo en matière de lutte contre le crime environnemental.