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Brazzaville célèbre un volley inclusif

Sous les voûtes bleues du gymnase Henri Elendé, l’édition 2025 des championnats nationaux à six a réuni joueuses, joueurs et familles dans une effervescence rare.

Pour l’Observatoire, voir autant de jeunes femmes occuper le parquet constitue un indicateur tangible de l’élargissement de l’espace public sportif aux citoyennes.

Les tribunes, composées majoritairement de mères et de sœurs des athlètes, ont rappelé que le sport s’inscrit désormais dans les mobilités sociales féminines urbaines.

Des résultats sportifs porteurs de symboles

Chez les juniors, l’Inter-club a dominé la finale féminine, ravissant une coupe longtemps convoitée par la D.G.S.P, synonyme d’émulation entre institutions.

En cadettes, la D.G.S.P. s’est imposée avec un collectif discipliné où chaque service précis révélait des mois de préparation structurée.

Selon Jean-Claude Mopita, ces performances féminines prouvent que « le vivier national se renforce, ce qui consolide nos chances continentales à court terme ».

La mise en avant des athlètes femmes lors des remises de médailles a été saluée par les familles présentes, signe d’un capital symbolique en mutation.

Infrastructure et sécurité, défis à relever

Le Gymnase Henri Elendé, trait d’union intergénérationnel, offre des gradins rénovés mais reste limité en vestiaires distincts, un enjeu de dignité pour les sportives.

Des associations locales recommandent l’installation de luminaires supplémentaires afin de garantir la sécurité des joueuses qui terminent l’entraînement après le coucher du soleil.

Le Ministère en charge des Sports explique travailler sur un cahier des charges visant à harmoniser les équipements féminins dans les principales enceintes du pays.

Cette démarche, selon la direction technique nationale, s’inscrit dans les objectifs du Plan national de développement 2022-2026, dont l’un des axes valorise l’égalité d’accès.

Leadership féminin et modèles socialement légitimes

Dans les couloirs, les cadettes se pressent autour de Grace Malou, ancienne internationale devenue entraîneuse, qui rappelle que « la performance passe aussi par la confiance ».

Sa présence au banc technique matérialise l’idée selon laquelle les femmes peuvent occuper toutes les fonctions, de la préparation physique à la gestion tactique.

Les sociologues observant l’événement notent que l’identification à des figures féminines performantes renforce les aspirations scolaires des adolescentes issues de quartiers périphériques.

Selon un recensement réalisé par l’Observatoire, plus de la moitié des joueuses engagées poursuivent des études supérieures, illustrant la corrélation entre sport et capital académique.

Normes de genre et perception sociale évolutive

Le volley, discipline mixte par excellence, bouscule des stéréotypes longtemps associés aux sports collectifs, perçus comme réservés aux hommes dans certaines zones rurales.

À Brazzaville, l’enthousiasme des supporters masculins pour les équipes féminines illustre la porosité croissante des rôles attribués à chaque sexe.

Le commentateur officiel de la Fécovo a salué « la qualité du jeu, pas le genre des joueuses », une phrase devenue virale sur les réseaux sociaux locaux.

Ce glissement discursif, souligné par les chercheuses en communication, participe à modifier subtilement la représentation sociale de la femme sportive dans l’imaginaire collectif.

Politiques publiques et perspectives continentales

Le représentant du Ministère a rappelé l’existence d’un programme national d’accompagnement des sportives, incluant bourses d’études, suivi médical et soutien psychologique.

Ce dispositif, selon lui, s’aligne sur la Stratégie de l’Union africaine pour l’égalité des genres dans le sport, adoptée en 2021 à Accra.

La Fécovo prévoit de déposer la candidature congolaise pour accueillir, à moyen terme, une étape du circuit féminin de beach-volley, valorisant la façade maritime de Pointe-Noire.

Une telle initiative soutiendrait l’économie locale grâce au tourisme sportif et offrirait des opportunités d’emploi aux jeunes femmes diplômées en management.

Axes de plaidoyer de l’Observatoire

Fort de ces observations, l’Observatoire national congolais des violences faites aux femmes identifie trois priorités pour 2026, dont l’intégration systématique d’une cellule de protection dans chaque club.

Le plaidoyer insiste aussi sur la sensibilisation des entraîneurs à la prévention du harcèlement, enjeu encore tabou dans plusieurs structures régionales.

Enfin, l’Observatoire propose la création d’un observatoire participatif des infrastructures, où joueuses et supporters évalueraient l’accessibilité et la sécurité des enceintes sportives.

Vers une société plus inclusive

À l’issue des championnats, les lumières se sont éteintes sur un parquet encore vibrant d’encouragements, laissant entrevoir une dynamique d’inclusion que rien ne semble freiner.

Le volley féminin s’affirme comme un espace de socialisation où les différences se transforment en complémentarités, consolidant la cohésion nationale chère aux acteurs institutionnels.

En valorisant les talents féminins, le pays projette une image proactive sur la scène africaine, contribuant à la diplomatie sportive défendue par Brazzaville.

La démarche s’inscrit dans un mouvement international qui reconnaît le sport comme vecteur de paix, de santé publique et d’autonomisation.

Les prochaines saisons diront si l’élan actuel se transformera en politiques pérennes, mais l’énergie observée à Elendé laisse présager des lendemains compétitifs et solidaires.

Pour l’heure, l’onde positive déclenchée par ces championnats confirme que chaque smash féminin rapproche un peu le Congo de l’égalité substantielle.

Cette progression s’enracine dans l’engagement continu des familles, des clubs et des pouvoirs publics, acteurs complémentaires d’un même projet sociétal contemporain.